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La gestion mentale

 

Certains enfants sont en difficulté scolaire, car ils n’ont pas conscience de leurs compétences et ne savent pas les utiliser. Ils ne savent pas comment faire pour réfléchir, chercher, faire attention et se corriger. Ils se découragent rapidement devant un exercice un peu compliqué.

La gestion mentale peut leur apprendre à connaître leurs processus mentaux et à les utiliser au mieux. Elle peut être utilisée par les enseignants, notamment ceux des RASED, ou pratiquée par des professionnels (orthophonistes, spécialistes de la gestion mentale…) en aide aux enfants en difficulté scolaire ou ceux qui souffrent de troubles d’apprentissage.

 

Qu’est-ce que la gestion mentale ?

 

C’est une méthode mise au point par le philosophe et pédagogue, Antoine de la Garanderie. Il pensait que tous les enfants peuvent réussir, à condition qu’ils sachent utiliser leurs compétences.

Pendant plusieurs années, il a observé et interrogé des personnes en situation d’apprentissage pour découvrir les démarches utilisées lors de la résolution d’un problème ou l’accomplissement d’une tâche, ceci afin de mieux connaître les processus mentaux et les moyens de les utiliser efficacement.

La métacognition est la connaissance et le contrôle qu’un élève a sur ses compétences et ses stratégies cognitives. Un des meilleurs prédicateurs de la réussite scolaire est la capacité de l’élève à réfléchir sur ses connaissances et ses savoir-faire et à comprendre comment il fait pour réussir et apprendre.

La gestion mentale vise à découvrir notre profil cognitif à travers cinq gestes mentaux : l’attention, la mémorisation, la compréhension, la réflexion et l’imagination. Le but est de repérer notre meilleure façon d’être attentif, de mémoriser, de comprendre, de réfléchir et d’imaginer :

* Est-on plutôt auditif ou visuel ?

* Utilise-t-on préférentiellement un traitement séquentiel (une chose après l’autre) ou simultané (synthétique, tout en même temps) ?

* Avons-nous plutôt une approche concrète, symbolique, logique ou créative ?

Il s’agit de faire comprendre à l’élève comment il fait quand il est attentif, qu’il mémorise, comprend, réfléchit et crée, dans les situations où il ne rencontre pas de problème, afin qu’il puisse de lui-même faire le transfert pour réussir aussi dans les situations où il se sent en difficulté.

  

Evoquer

  

L’évocation est un principe essentiel de la gestion mentale. Il s’agit de rendre concrète et présente une perception ou une information, à la faire exister dans sa tête. Certains enfants ne mémorisent pas ce qu’ils entendent, car ils écoutent et comprennent l’information, mais il ne se passe rien ensuite dans leur tête.

Evoquer consiste à se faire des images ou des films dans sa tête, en entendant ou lisant des informations. Ou à se parler intérieurement de ce que l’on voit ou comprend. On ne peut pas percevoir et en même temps évoquer. Il faut un peu de temps pour évoquer, entre l’écoute et l’action (écrire ou réfléchir à l’exercice). Ce temps n’est pas prévu en classe, mais il faut le prendre lors de l’apprentissage des cours à la maison, pour que les notions prennent sens et soient mémorisées.

Par exemple, pour apprendre un cours : demander à l’élève de lire un paragraphe du cours puis de fermer les yeux et évoquer la scène décrite par ce qu’il vient de lire. Se « promener » dans ce paysage, regarder les détails, se faire des commentaires.

Pour apprendre l’orthographe : lire le mot, cacher le modèle, fermer les yeux, l’évoquer mentalement en le voyant écrit. Ouvrir les yeux, vérifier si l’orthographe du mot évoqué correspond bien à celui du modèle. Refermer les yeux, « revoir » le mot mentalement, se demander ce qu’il a de particulier, à quel autre mot il fait penser, se poser des questions sur ce mot, se faire des commentaires. L’épeler mentalement. Rouvrir les yeux et l’écrire.

  

Multiplier les traitements

  

Confucius disait : "J'entends et j'oublie, je vois et je me souviens, je fais et je comprends."

Effectivement, on se souvient seulement de 20 % de ce que l'on écoute, on retient 30% de ce que l'on voit, et 90% de ce que l'on fait. Il est donc important de multiplier les traitements et d’être actif. Plus on fait de choses avec une leçon, mieux on s’en souvient. Ecouter et relire la leçon ne suffit pas toujours, notamment à partir du collège.

Il est possible par exemple de :

* évoquer : voir dans sa tête, traduire en images ce qu’on entend ou lit, se parler dans sa tête et traduire en mots ce que l’on voit, traduire en mots et en images ce que l’on fait ou ressent.

* répéter dans sa tête.

* voir les mots importants écrits dans sa tête.

* chercher des informations complémentaires dans des livres, sur internet. Faire des liens avec ce que l’on sait déjà sur ce sujet.

* s’exercer à répondre à des questions qu’un adulte pose sur le cours, utiliser la notion apprise dans des exercices (par exemple avec des règles d’orthographe telles que l’utilisation de à/a dans des phrases).

* résumer : les enfants qui utilisent préférentiellement un traitement simultané (global, synthétique) comme les enfants précoces, auront avantage à résumer leurs cours pour le mémoriser plus facilement. Pour cela :

* Photocopier le cours ou le placer dans une pochette plastique afin de pouvoir surligner.

* Surligner d’une couleur les mots dont il faut chercher ou vérifier le sens.

* Surligner d’une autre couleur les mots importants qu’il faut retenir.

* Surligner d’une troisième couleur les idées importantes.

* Chercher le sens des mots et recopier la définition ou un résumé de définition sur la fiche de résumé.

* Ecrire les mots à retenir et éventuellement les phrases importantes sur la fiche de résumé.

* Faire le résumé de la leçon en s’appuyant sur les idées surlignées et en se demandant « De quoi parle le cours ? ».

  

Se mettre en projet

  

La gestion mentale est une pédagogie du projet : avant tout apprentissage, demander à l’élève : « A quoi cela va-t-il te servir ? ». « Tu mets dans ta tête pour réciter par cœur, pour comprendre, pour répondre à des questions, pour pouvoir appliquer, pour pouvoir t’en resservir dans une dissertation… ? ».

Pour mieux mémoriser, il faut se projeter dans l’avenir : à quoi ça va me servir ? Quelles questions le professeur pourrait bien poser ? Il faut s’imaginer en train de réutiliser ces connaissances, en train de répondre à des questions, en train de raconter à un camarade ce qu’on a compris et retenu.

Il faut aussi se mettre en projet d’être attentif, avant de commencer le travail : regarder celui qui parle, chercher à être actif (participer, prendre des notes, évoquer…). Pour qu’un enfant soit plus attentif, il ne suffit pas de le lui demander. Il faut lui expliquer comment faire : « Pour apprendre une leçon, il ne suffit pas de la lire et la relire, il faut la faire exister dans ta tête, mettre des images sur ce que tu lis, te poser des questions, résumer, dessiner, faire des schémas et imaginer les questions auxquelles tu pourrais avoir à répondre… ».

Enfin, il faut réactiver ses connaissances, c’est-à-dire réviser, en respectant un délai suffisant entre les réactivations. C’est indispensable : on ne peut pas retenir correctement un cours appris la veille au soir, juste avant une évaluation. Relire et mettre en images mentales son cours une heure après est peu efficace. Le relire le lendemain est plus efficace. Réviser avant de dormir est particulièrement efficace, car le sommeil fixe les apprentissages de la journée écoulée.

  

Avoir confiance en soi et être motivé

  

Pour être attentif, comprendre et apprendre, il faut aussi être motivé et disponible, c’est-à-dire ne pas être encombré de pensées négatives, d’angoisses et de préoccupations.

Afin qu’un élève soit motivé, il doit savoir pourquoi il doit apprendre, à quoi cela va lui servir, et surtout savoir qu’il a les compétences pour y parvenir.

Lui apprendre à chercher la cause de ses échecs : au lieu de penser « Je n’y arrive pas parce que je n’en suis pas capable », lui demander de trouver des explications réalistes : « Je n’y arrive pas parce que je vais trop vite, je ne fais pas attention, je ne prends pas le temps de réfléchir… ». C’est plus motivant et efficace.

Lorsque c’est possible, il faut privilégier l’humour et le plaisir, inventer des manières ludiques d’apprendre, remplacer les phrases des exercices par des phrases drôles afin d’augmenter le plaisir d’apprendre et solliciter la mémoire épisodique (celle qui est liée au vécu, aux émotions).

Lire aussi : La motivation.

   

La méthode Réflecto

  

La méthode Réflecto a été élaborée par le psychologue canadien Pierre-Paul Gagné, lui-même influencé par les travaux de Vygotsky liés à l’importance du langage intérieur comme outil de médiation cognitive : ce qu’il faut se dire dans sa tête pour reprendre le pouvoir sur ses processus d’apprentissage.  Il s’agit de rendre l’enfant conscient de comment il pense.

Les enfants apprennent mieux lorsqu’ils peuvent établir des relations entre les choses, c’est pourquoi le modèle Réflecto s’appuie sur des métaphores, entre les personnages et les processus cognitifs.

Il s’agit de faire découvrir à l’enfant ses processus mentaux en leur attribuant un personnage et un métier :

Le détective découvre le travail à faire, lit la consigne. Il observe, cherche des indices, relève les différences et les similitudes, distingue ce qui est important et ce qui l’est moins, est attentif aux détails, pose des questions, se parle de ce qu’il voit. Il favorise la concentration.

Le bibliothécaire gère la mémoire, conserve les informations et les savoir-faire, sait comment les retrouver, sait classer avec le projet de s’en servir plus tard. Il faut apprendre aux enfants à se représenter l’information de façon à la fois auditive, visuelle et kinesthésique (émotion, mouvement) pour mieux l’inscrire dans la mémoire.

L’architecte fait des plans, détermine les étapes à suivre, prévoit. Il permet de lutter contre l’impulsivité : se donner une marche à suivre avant de passer à l’exécution.

L’explorateur donne libre cours à son imagination, il est créatif, sort des sentiers battus, cherche différentes façons de faire, saisit plusieurs facettes d’une situation. Il permet de découvrir la dimension visuelle, auditive et kinesthésique d’un objet.

Le contrôleur observe et vérifie constamment si tout se passe comme prévu. Il est vigilant. Il faut pour cela donner l’habitude à l’enfant de se parler de ce qu’il fait. Il surveille le travail des autres ressources.

Le menuisier construit, exécute le plan de l’architecte, suit la procédure planifiée, est précis et minutieux et prend soin d’avoir les bons outils.

L’arbitre évalue la production en fonction des objectifs et critique la stratégie utilisée et le travail des différentes ressources.

Le chef d’orchestre coordonne : c’est l’élève lui-même avec ses valeurs, ses croyances, ses compétences, ses préférences, son style d’apprentissage.

Pour résumer, il faut se parler sans cesse de ce que l’on fait et passer par plusieurs étapes :

* S’arrêter (ne pas chercher à répondre tout de suite), réfléchir, observer, analyser.

* Se questionner et chercher dans sa mémoire ce qu’on sait déjà en rapport avec cette tâche.

* Explorer les différentes façons de régler le problème.

* Faire un plan.

* Exécute le plan minutieusement.

* Vérifier et si besoin, corriger.

Faire remarquer à l’élève qu’il sait utiliser ses ressources dans certaines situations et qu’il peut donc le faire aussi sur un exercice scolaire : par exemple, son détective est performant pour résoudre une énigme, il peut l’aider à résoudre un problème mathématique. Faire des liens.

Apprendre aux enfants à penser en se référant à tous les personnages : Par exemple, l’enfant doit réduire les fractions :

* Qu’est-ce qu’on me demande de faire ? Je regarde attentivement, je fais comme un détective : je me parle de ce que je vois, je construis des images dans ma tête en même temps que j’écoute, qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’est-ce qui est important ?

* Que signifie « réduire » ? Est-ce que je le sais ? Je vais demander à mon bibliothécaire ce que c’est : est-ce que j’ai déjà fait quelque chose de semblable ? Qu’est-ce que ça me rappelle ? Je me suis parlé de ce que je devais me rappeler, je l’ai enregistré dans ma tête. J’ai fait des photos dans ma tête pour mieux m’en souvenir. J’essaye de retrouver ce que je m’étais dit et les photos que j’avais faites.

* Je demande à mon architecte de faire un plan pour savoir comment m’y prendre : que dois-je faire en premier ? A quoi ça va ressembler une fois fini ? Dans quel ordre je dois faire les choses ? Puis-je faire d’une autre façon ?

* Je dois faire attention de ne rien oublier et bien suivre le plan. Mon menuisier y veille : est-ce que j’ai tout ce dont j’ai besoin ? Je m’applique et essaye de faire avec précision. Je me parle de ce que je fais.

* Si mon menuisier se trompe, je m’en rends compte grâce à mon contrôleur qui m’aide à regarde et à me parler dans ma tête de ce que je fais. Est-ce que c’est comme ça qu’il faut faire ? Est-ce que ça s’écrit ou se dit comme ça ? Est-ce que je suis sûr de moi ? Qu’est-ce qu’il me manque pour continuer ?

* Enfin, mon arbitre vérifie que j’ai bien fait ce que j’avais prévu : comment faire pour savoir si c’est correct ? Puis-je expliquer comment j’ai fait pour arriver au résultat ? Quel lien puis-je faire avec ce que je sais déjà ?

Bien connaître ses processus cognitifs permet à l’élève de prendre conscience du pouvoir qu’il a sur « ce qu’il se passe entre les deux oreilles ».

Plutôt que critiquer un enfant qui s’est trompé et ne sait pas comment faire, lui demander :

* Qu’est-ce que ton détective a trouvé d’important dans … ?

* As-tu demandé à ton détective de t’aider ?

* Est-ce que ton bibliothécaire a trouvé ce que signifie … ?

* Parle-moi du plan de ton architecte.

* De quoi a besoin ton menuisier ?

* Est-ce que ton contrôleur était à son poste ?

 

Les ouvrages de Pierre-Paul Gagné sont distribués par les éditions Chenelière (Canada) : Voir ICI.

Certains livres sont en vente en France : Cliquer ICI.

   

Les cartes mentales

  

Les cartes mentales sont des représentations en arborescence qui permettent de faciliter la mémorisation. Elles s’appellent aussi « cartes heuristiques » ou « cartes d’organisation d’idées ». Il s’agit de représenter les informations sous forme de schémas en forme de flocon de neige, où chaque branche et sous-branche contient un mot, une idée, un symbole. C’est une façon de présenter des informations pour les visualiser plus facilement que sous forme de listes ou de textes.

Le livre de Nancy Margulies édité aux éditions Chenelière, est disponible en France : Cliquer ICI.

   

Conférence d'Hélène Catroux

   

Mardi 11 octobre 2016, Hélène CATROUX nous a fait l'honneur de venir faire une conférence en Haute Savoie.

Elle exerce à Paris en tant que psychopédagogue, en s'appuyant sur les techniques de la gestion mentale. Elle a été enseignante et travaille depuis plus de quarante ans sur les façons d’apprendre. Elle a travaillé pendant trente ans avec Antoine de la Garanderie. Elle accompagne des enfants et adolescents, souvent intellectuellement précoces, qui rencontrent des difficultés dans leurs apprentissages. Elle a écrit, avec l'éminente psychologue, Arielle ADDA, le livre "« L’enfant doué, l’intelligence réconciliée »

Voici le résumé que j'ai fait de son intervention sur le thème « Réussir, ça s’apprend » :

 

Tous les enfants peuvent réussir :

Tous les enfants ont des ressources, mais ils ne savent pas forcément les utiliser.

Apprendre, c’est créer de nouvelles connexions entre les neurones. Les neurosciences nous apprennent qu’il est possible de reprogrammer le cerveau pour créer de nouvelles connexions et mieux utiliser ses compétences. Même avec des difficultés, s’il est bien accompagné et qu’il sait utiliser son intelligence, tout enfant peut réussir. Il est important de montrer à l’enfant qu’il a des compétences, être positif et lui redonner confiance en lui. Sans confiance, pas de motivation.

Pour aider l’enfant à prendre conscience de ses ressources, il ne faut pas lui dire comment il doit faire, mais lui montrer qu’il peut le trouver lui-même, en lui posant les bonnes questions.

Il ne faut pas lui demander : « Qu’est-ce que tu n’as pas compris ? », car cela bloque ses circuits de pensée et il ne peut alors pas découvrir pourquoi il est en difficulté. Il faut lui demander : « Qu’as-tu compris ? » afin qu’il prenne conscience qu’il a tout de même compris quelque chose.

 

Comment faciliter l’apprentissage ?

* Se préparer à apprendre, se rendre disponible en mettant de côté ce qui risque de distraire (soucis, bruits, téléphone…) et surtout, se mettre en projet : il est plus facile et efficace de mémoriser des notions si on se met en projet d’en faire quelque chose, si cet apprentissage à du sens, si on sait ce qu’on va en faire, si on prévoit les questions que l’on risque de trouver dans le prochain contrôle.

Se mettre en projet, c’est se programmer pour que nos circuits nous obéissent. Les neuropsychologues ont découvert qu’une onde se déclenche dans le cerveau lorsque l’on se met en projet.

On peut se programmer pour mémoriser. Par exemple, on retient moins ce qu’on lit si on lit pour le plaisir que si on lit un livre professionnel en envisageant de se servir des informations ou d’en parler à quelqu’un. Apprendre doit servir à quelque chose et avoir un sens. On ne peut pas faire d’effort sans bénéfice.

Antoine de la Garanderie disait, en parlant du projet de réutiliser une information : « L’acte de mémoriser, c’est lancer dans l’imaginaire de l’avenir ce que l’on veut y trouver ».

On peut se programmer pour être attentif en agissant sur le contexte : éloigner tout ce qui pourrait distraire, lâcher prise et ne pas se stresser en mettant la barre trop haut. Se donner le droit à l’erreur.

 

* Évoquer : se créer diverses représentations mentales afin de rendre l’information plus présente mentalement et de multiplier les chances de la retrouver : si on ne retrouve pas le mot, on retrouvera peut-être l’image. Évoquer, c’est se représenter ce qu’on voit sous forme de mots que l’on entend dans notre tête, c’est se parler, c’est chercher à quoi ça nous fait penser, faire des liens avec ce que l’on sait déjà, imaginer ce qu’on va faire de cette information, la traduire sous forme de sensation ou de mouvement : s’imaginer que l’on ressent quelque chose en rapport avec ce mot, s’imaginer en train de l’écrire.

Nous avons une façon préférentielle de nous représenter les informations : certaines personnes traduisent plutôt en images visuelles, d’autres en images sonores, d’autres ont besoin de se représenter un mouvement, de bouger, de manipuler ou de faire des dessins. Si l’on empêche un enfant de bouger lorsqu’il travaille, on risque de bloquer ses circuits et de l’empêcher de réfléchir et mémoriser. En classe, il faut permettre une certaine agitation si elle reste discrète et ne gêne pas les autres.

Par exemple, il y a plusieurs façons de mémoriser un mot : le voir écrit dans sa tête, l’entendre ou le répéter mentalement, se voir en train de l’écrire, penser aux émotions qu’il nous évoque ou aux sensations qui peuvent y être associé : un contact, une odeur…

Il faut avoir conscience que l’on peut contrôler notre pensée. Par exemple, si l’on a surtout gardé le souvenir d’images visuelles après avoir vu un film, on peut retrouver aussi des sons de ce film, des émotions que l’on a ressenties en le regardant, se revoir en train de le regarder, revoir l’endroit où l’on se trouvait. De même qu’on peut agir sur nos souvenirs, on peut contrôler notre pensée pour mettre en place des stratégies. On peut transformer ce qu’on entend en images visuelles, ce qu’on voit en mots que l’on entend, en perception de mouvement, en sensation. Il faut repérer et utiliser ce qui est le plus efficace pour mieux mémoriser.

 

* Se rassurer : le système limbique, appelé aussi cerveau limbique ou cerveau émotionnel nous envoie des messages négatifs comme : « Je ne vais pas y arriver », « Je n’aurais jamais assez de temps », « C’est trop dur », « Je n’en suis pas capable ».

Il faut remplacer ces messages décourageants qui bloquent les circuits de pensée par des messages positifs. C’est aussi pour cette raison qu’il ne faut pas demander à un enfant ce qu’il n’a pas compris, mais ce qu’il a compris. Il a compris quelque chose et il a le droit d’avoir compris ce qu’il a compris. S’il en a conscience, il pourra continuer à réfléchir et à écouter les explications pour comprendre ce qu’il n’a pas encore compris.

 

* S’entraîner : pour retenir une information, il faut l’utiliser. C’est pourquoi il faut s’entraîner, faire des exercices d’application variés et pas trop répétitifs.

 

* Trouver du sens : certains élèves ont besoin d’entendre les informations de façon théorique et apprendront mieux avec un professeur qui explique beaucoup. D’autres, au contraire, ont besoin d’appliquer, de mettre en pratique et seront moins à l’aise avec un professeur qui se contente de parler et qui propose trop peu d’exercices. D’autres encore ont besoin d’interactivité.

C’est important de laisser chercher, de donner le droit de prendre ce temps. On gagne parfois du temps alors qu’on pense en perdre. Si un élève trouve une solution par lui-même, il sera plus armé et plus confiant la prochaine fois qu’il devra résoudre un problème, car il saura qu’il en est capable, il en a fait l’expérience.

Pour retenir un cours, l’élève doit se mettre en projet de le comprendre et de le mémoriser pour le réutiliser, au moment où il l’entend et le copie en classe. Le soir à la maison, il ne doit pas relire son cours ou le répéter. Il réussira mieux à s’en souvenir s’il se demande ce qu’il a retenu et qu’il regarde ensuite dans son cahier ce qu’il ne sait pas encore. Plus le cerveau est actif et se pose des questions, plus il est efficace pour mémoriser.

Pour mémoriser le vocabulaire en langue étrangère, ne pas se contenter d’apprendre les mots par cœur, mais les utiliser : faire des phrases avec ces mots, répondre à des quiz sur des sites pédagogiques…

Apprendre par cœur est nécessaire pour créer des automatismes et gagner du temps pendant les contrôles. Il faut, en apprenant, imaginer les questions qui risquent d’être posées.

 

* Capitaliser l’expérience : se demander : « Qu’est-ce qui fait que ce contrôle a été réussi ? » Ça rassure sur les possibilités de réussir les prochaines fois.

Si, au contraire, le contrôle n’a pas été bien réussi, se donner le droit à l’erreur, mais faire en sorte qu’elle ne se reproduise plus. Chercher à comprendre ce qu’on a mal fait pour ne plus le faire : « Est-ce que j’ai eu peur de n’avoir pas assez de temps ? », « Est-ce que je n’ai pas bien développé ma pensée ? », « Est-ce que je ne me suis pas suffisamment entraîné ? ».

Pour bien réussir, les élèves doivent se donner le droit à l’erreur afin de ne pas être trop stressés et perdre en performance à cause de ce stress. Ils doivent faire comme si la personne qui va lire leur copie ne connaissait rien au sujet : il faut développer de façon à ce qu’elle comprenne bien. Il faut s’entraîner, même si ça prend du temps, ça permet ensuite de gagner du temps lors des contrôles, car tout paraît plus facile, donc peut être réalisé plus rapidement.

 

Comment accompagner nos enfants ?

Il faut faire confiance à nos enfants et leur donner le droit d’être ce qu’ils sont. « Deviens ce que tu es. » (Nietzsche).

« Si je veux réussir à accompagner un être vers un but précis, je dois le chercher là où il est et commencer là, justement là. » (Soeren Kierkegaard).

Respecter leurs façons de comprendre et chercher avec eux comment être plus efficaces en changeant de façon d’utiliser leurs processus mentaux, en changeant de stratégies. Pour cela, l’élève doit prendre de bonnes habitudes : avoir conscience de ses ressources et confiance en lui, se programmer et se mettre en projet.

Le parent doit être « chercheur avec » l’enfant : l’aider à trouver les solutions sans les lui donner, tout en le rassurant avec des phrases magiques :

« Quand tu ne comprends pas, qu’est-ce que tu comprends ? »

« Quand tu ne sais pas, qu’est-ce que tu sais ? ». En effet, il ne sait jamais « rien », il sait toujours quelque chose puisqu’il a assisté au cours, mais l’enfant n’en a pas forcément conscience.

« Qu’est-ce que tu as compris ? Tu as le droit de comprendre ce que tu comprends, mais dis-le moi et on fera une mise au point ». Détricoter ce qu’il a mal compris pour le corriger prend du temps, mais permet ensuite d’en gagner.

Si on veut qu’il soit plus précis dans ses explications : « C’est quoi pour toi ? » ou : « C’est comment ? » ou encore : « Que dirais-tu à quelqu’un qui ne sait rien là-dessus ? »

 

Questions des parents :

1. Un enfant se plaint de n’avoir pas eu assez de temps pour terminer son contrôle : lui demander de revivre la situation pour dire dans quel état d’esprit il était avant de le commencer : a-t-il trop stressé ? Cela aurait pu bloquer ses circuits et lui faire perdre du temps. Il doit se donner davantage le droit de se tromper. A-t-il perdu du temps à trop revérifier s’il avait laissé des erreurs, voire en a-t-il rajoutées à force de douter ? En prendre conscience lui permettra de se méfier à l’avenir de cette tendance à perdre en efficacité à cause du stress.

 

2. Un enfant dit que ça ne sert à rien, ce qu’il apprend : il faut trouver un moyen de le remotiver et, souvent, c’est en lui redonnant confiance en lui qu’il va retrouver la motivation. S’il pense qu’apprendre va lui permettre de bien réussir, il trouvera que ça sert à quelque chose. Beaucoup d’enfants qui ne veulent pas apprendre ont seulement peur de ne pas en être capables. Refuser de travailler est une façon de se protéger de cette peur de ne pas réussir.

Pour le rassurer, l’aider à trouver le codage dominant : « Stop, qu’est-ce que tu as dans la tête ? » (Des mots, des images, des sensations ?). Lui apprendre aussi à se parler dans sa tête lorsqu’il réfléchit, ça peut le rassurer et l’aider à trouver des solutions : se dire ce qu’il fait, ce qu’il cherche, ce qu’il sait déjà sur le sujet, comment il va faire, les questions qu’il se pose. Par exemple, après avoir lu la consigne : « Qu’est-ce qu’on me demande ? », « De quoi ai-je besoin ? ».

L’aider à chercher une meilleure façon d’apprendre, en commençant par les matières où il est en réussite.

Beaucoup d’enfants pensent qu’ils connaissent leur leçon parce qu’ils l’ont comprise. Ils sont ensuite déçus parce qu’ils ne peuvent pas la restituer ou l’utiliser au moment du contrôle et ont de mauvaises notes. Ils se découragent et en viennent à dire que ça ne sert à rien d’apprendre. Bien leur expliquer qu’il ne suffit pas de comprendre pour savoir, il faut réviser et s’entraîner, notamment en maths.

Un problème de mémoire peut être dû à plusieurs raisons :

* L’information a été mal stockée : l’enfant n’a pas passé assez de temps à se concentrer dessus.

* Elle est mal rangée et il ne sait plus où la retrouver. C’est pourquoi le fait de multiplier les codages offre plus de possibilités de la retrouver : si on ne retrouve pas spontanément le mot, on peut le retrouver en passant par l’image qui lui est associée.

* L’entraînement n’a pas été suffisant. Plus on s’entraîne, plus vite on retrouvera comment faire.

 

3. Les écrans sont-ils à éviter ? Les écrans stimulent différentes compétences et ne sont pas à éviter à tout prix, mais ils fatiguent les yeux et le cerveau et il vaut mieux trouver une autre activité pour se détendre en revenant de l’école. Le pire, ce sont les petits écrans de téléphone qui épuisent les yeux. Il faut trouver une activité qui désature les circuits mentaux et qui repose le cerveau. Le mieux est de sortir, de bouger, de faire du sport.