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Les enfants perturbateurs

  

Un enfant peut être perturbateur, violent, agité, indiscipliné pour diverses raisons. Avant de chercher à améliorer son comportement, il convient d’essayer d'en trouver la ou les causes.

Il peut s'agir d'un enfant hyperactif. L'hyperactivité est un trouble neurologique dû à un dysfonctionnement du cortex pré-frontal. Celui-ci héberge le "chef d'orchestre" du cerveau, à qui sont dédiées les fonctions exécutives. Elles contrôlent, organisent et coordonnent les autres fonctions. Un dysfonctionnement des fonctions exécutives peut avoir des répercussions sur la motricité : soit sous la forme de dyspraxie (élaboration, programmation et automatisation des gestes) soit sous la forme d'hyperactivité (contrôle de l'agitation) : l'enfant ne tient pas en place, il bouge beaucoup et est impulsif.

Un enfant hyperactif peut être aidé par une prise en charge en psychomotricité. L'école et la famille peuvent mettre en place un système de contrat où sont notés les objectifs à atteindre en terme d'amélioration du comportement. Il faut surtout insister sur les progrès et les efforts de l'enfant plutôt que sur ses manquements car il n'est pas complètement responsable de son agitation, il la subit lui aussi et a surtout besoin d'être encouragé.  

En dernier recours, un pédiatre hospitalier peut prescrire un médicament à base de Méthylphénidate (Ritaline, Concerta ou Quazym) qui va rééquilibrer le fonctionnement du cortex frontal et le rendre plus efficace pour jouer son rôle de contrôle. 

Un enfant peut être agité et violent parce qu'il ne va pas bien : il est perturbé par une situation familiale difficile, une séparation, une maladie, un décès, un contexte violent à la maison, la précarité... Il est anxieux, dépressif. Un adulte dépressif est généralement triste et abattu. Un enfant dépressif peut être au contraire agité, très énervé et agressif. 

Ces enfants ont besoin d’une psychothérapie dans un CMP ou CMPP (structures de soins gratuites) ou auprès d'un psychologue en libéral (soins non pris en charge par la Sécurité Sociale). Ils ont besoin aussi d'un cadre ferme et sécurisant. Il faut leur montrer qu’on n’est pas déstabilisé par leur comportement difficile parce qu’ils ont besoin de repères et de personnes solides qui les rassurent. Lorsque les parents sont dépassés, ils peuvent demander une aide éducative auprès d'une association (l'école des parents, par exemple) ou des services sociaux (sous la forme d'un accompagnement éducatif à domicile appelé AED).

La précocité intellectuelle peut être à l'origine de troubles du comportement, surtout quand celle-ci n'est pas encore diagnostiquée. Le sentiment d'être anormal, une faible estime de soi et leur cerveau hyper réactif peuvent expliquer des comportements agités, des réactions excessives et la difficulté à se conformer aux contraintes.

Les enfants précoces ont avant tout besoin qu’on leur explique leur précocité et ce que ça engendre chez eux : le sentiment d’être différent, anormal, l’ennui face à des enseignements trop faciles et un rythme de travail trop lent, le manque de confiance en eux, leur anxiété inhérente à leur grande lucidité et leur hypersensibilité. Une psychothérapie peut être nécessaire mais sera d'autant plus efficace qu'elle sera menée avec un psychologue qui connaît bien les problématiques des enfants précoces. Un saut de classe peut parfois résoudre le problème de comportement lorsqu'il est justifié.

Les troubles du comportement sont fréquents chez les enfants non cadrés, qui n’ont pas de limites, de repères éducatifs chez eux.

Ils ont besoin de fermeté mais il faut faire attention à bien souligner leurs efforts lorsqu’ils se comportent correctement. On peut mettre en place un contrat avec des bonhommes qui sourient ou non… Pour les enfants de maternelle qui cherchent par tous les moyens à attirer l’attention de l’enseignante, il faut répondre de façon cohérente pour réprimer les mauvais comportements et encourager les bons : lorsque l’enfant se comporte mal, il faut le punir, l’exclure, lui expliquer que lorsqu’il se comporte ainsi, on n’a pas envie de s’occuper de lui et qu'on ne le trouve pas intéressant. Par contre, lorsqu’il se comporte bien, lorsque finalement, il se fait oublier, il faut lui donner ce temps et cette attention qu’il demande mal la plupart du temps. Il ne faut pas s’occuper de lui quand il le demande par un mauvais comportement mais lui offrir du temps quand il le mérite. La famille peut demander une aide éducative aux services sociaux.  

Les enfants abandonniques développent parfois des comportements difficiles et violents : Certains enfants ont vécu des ruptures familiales, affectives, des abandons. Ce sont essentiellement les enfants adoptés (donc abandonnés), les enfants placés en famille d’accueil, ceux dont les parents séparés s’occupent et se préoccupent peu, ceux aussi dont les parents ne s’occupent pas assez, tout occupés à leur profession. Ces enfants se perçoivent généralement comme mauvais, inintéressants : on les abandonne, on ne se soucie pas assez d’eux parce qu’ils n’en valent pas la peine, ils n'ont pas de valeur. Dès lors, ils vont développer un mauvais comportement (et/ou une dépression) parce qu’ils veulent tester l’adulte pour voir si cet adulte-là va rester ou encore les abandonner. Un comportement difficile est un moyen rapide de savoir si l’adulte, même excédé et épuisé, maintiendra son affection. De plus, ces enfants qui ont une mauvaise image d’eux-mêmes ont parfois des difficultés à se voir autrement que comme des "sales gosses", ils en adoptent donc le comportement. Ils ne savent pas qu’ils peuvent être gentils et ils ne savent pas comment l’être. Cela revient pour eux à être un autre que celui qu’ils sont. C’est leur identité d’être insupportable. Ils ne sont pas sûrs de leurs liens affectifs, ils sont au moins sûr de cela : ils sont ce qu’ils sont, ils sont comme ils sont, c'est-à-dire pénibles. Comment changer ?

Ces enfants ont besoin d’adultes forts, stables, équilibrés, calmes et sûrs d’eux. Ils ont besoin d’une psychothérapie et/ou un accompagnement éducatif social. Il faut leur montrer qu'on s'intéresse à eux, qu'on leur reconnaît une valeur et un intérêt. Ils doivent sentir de l'affection. Il faut les encourager et les féliciter lorsqu'ils se tiennent tranquilles.

Les troubles du comportement se rencontrent chez les enfants qui ont un trouble envahissant du développement (troubles du spectre autistique et autisme). Ils ont une compréhension partielle de ce qui les entoure, avec des angoisses plus ou moins importantes. Leur hypersensibilité et/ou leur difficulté à gérer leurs réactions peut aussi expliquer des comportements inadaptés, gênants ou violents. 

Ils ont besoin d’un lourd suivi extérieur et parfois il sera judicieux de les scolariser à temps partiel afin qu’ils bénéficient d’une prise en charge conséquente (CATTP, Hôpital de jour, Jardin d’enfant thérapeutique) et qu'ils ne souffrent pas d'un accueil trop long, donc fatigant et stressant, au sein d'un groupe classe (trop de monde, de bruit, d'agitation, de changements, d'imprévus...).

Les troubles du comportement peuvent provenir d'un manque de compréhension. Les enfants qui ne comprennent pas ce qu’on leur dit, ce qui se passe autour d’eux ne peuvent pas répondre de façon adéquate et développer des comportements et une communication adaptés. Ce peut être le cas des dysphasiques, des sourds non diagnostiqués et non appareillés, des déficients intellectuels.

La prise en charge de ces enfants consiste à mettre du sens afin que leur comportement perturbateur ne soit plus la seule réponse possible pour eux. Il faut les rééduquer (orthophonie, prothèse auditive, pédagogie adaptée, psychothérapie, orientation…) pour qu’ils apprennent à mieux comprendre et à mieux répondre.

Lorsque le trouble du comportement est sévère, il est considéré comme une situation de handicap et peut donner droit à des moyens de compensation pour permettre la scolarisation et faciliter les apprentissages. La MDPH peut accorder un AVS, une orientation auprès d'une structure spécialisée dans la prise en charge des troubles du comportement : soit un service qui se déplace au domicile ou à l'école de l'enfant (SESSAD), soit un établissement qui accueille l'enfant à la journée ou à la semaine, en internat (ITEP).