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Le pervers narcissique et la manipulation mentale

 

Quand une personne vous méprise, ne vous respecte pas, vous fait du mal : vous n’êtes pas coupable, mais victime. Ne pensez jamais que vous méritez ce qu’il vous fait vivre.

Si une personne ne vous respecte pas, vous êtes peut-être en partie responsable, parce que vous êtes trop gentil, vous vous laissez faire, vous ne protestez pas avec conviction, vous acceptez, car c’est le mode relationnel dont vous avez l’habitude depuis votre enfance et vous pensez plus ou moins inconsciemment que vous ne méritez pas d’être respecté et traité correctement. Bref : vous cautionnez.

Vous êtes peut-être d’une certaine manière responsable, mais jamais coupable. Si une personne vous fait du mal, ce n’est pas de votre faute, c’est de la sienne. Vous ne méritez pas ce qu’il vous fait subir, même s’il vous fait croire que tout est de votre faute. C’est vrai quelle que soit la personne, encore plus si c’est un pervers manipulateur.

 

Qu’est-ce qu’un pervers narcissique ?

 

A mi-chemin entre l’organisation névrotique (l’organisation la plus normale qui soit, avec le complexe d’œdipe…) et l’organisation psychotique (relatif au déni, au délire et à la folie), les états limites regroupent des pathologies qui, toutes, ont en commun l’angoisse d’abandon. On y trouve certaines formes de dépression et de troubles psychosomatiques, les psychopathes et les pervers narcissiques.

Aussi appelé pervers manipulateur, le pervers narcissique est une personne dont la personnalité est très fragile et qui a besoin de prendre le contrôle sur l’autre et l’assujettir pour se protéger, se rassurer et éviter d’être abandonné. Il le manipule pour l’empêcher de s’éloigner et de s’intéresser à autre chose. Narcissique, il veut être le centre du monde, il aime se mettre en avant et ne supporte pas ceux qui lui font de l’ombre. Il a besoin de se sentir mieux que les autres, ce qui le rend très critique envers tout le monde.

Manipuler consiste à agir sur une personne, à la manœuvrer, pour obtenir qu’elle fasse, pense ou ressente ce que le manipulateur désire. Pour cela, il faut cacher, mentir, culpabiliser. On parle de pervers narcissique, car il a une faille narcissique : il croit inconsciemment qu’il n’est pas assez bien pour qu’on l’aime et qu’inévitablement, il va être négligé et abandonné. Il a donc développé un mode relationnel qui s’appuie sur la séduction, la manipulation et la domination : il ment sur ce qu’il fait ou ce qu’il ressent, cache ou détourne la vérité, avec des tendances à la mythomanie. Il déforme aussi la réalité en faisant croire à la victime qu’elle est coupable. Il a toujours les arguments pour démontrer que le tort vient de l’autre.

 

Comment procède-t-il ?

 

Le plus souvent, c’est une relation qui se développe au sein d’un couple. Au début, c’est le meilleur ami, le meilleur conjoint possible. Il se montre parfait, prévenant, tendre, attentionné. Il fait des compliments, valorise, rassure. Son stratagème vise à faire croire à l’autre qu’il lui est indispensable et inversement. Le message est : « Tu es tout pour moi et je suis la personne qui te convient et peut le plus te combler ». La phase de séduction dans un couple dure juste le temps que la victime ne montre pas d’envie d’indépendance, tant qu’elle n’a qu’une envie : le voir le plus possible, tant qu’elle est éblouie.

La séduction est plus durable envers les personnes extérieures : il faut qu’elles perçoivent le pervers comme une personne douce, adorable, inoffensive, parfaite. Il consacre énormément d’énergie à paraître, à jouer le rôle d’une personne irréprochable et ne maltraite sa victime qu’à l’abri des regards. L’entourage peut dire de lui : « On lui donnerait le bon dieu sans confession » ou, plus tard, quand il commence à moins bien cacher son agressivité : « Il cachait bien son jeu ».

Petit à petit, l’étau se resserre : la victime devient prisonnière de cette relation de dépendance, exclusive, possessive. Le message dérive vers : « Je suis le seul à vraiment t’aimer et te combler. Méfie-toi des autres, ils te veulent du mal, ils veulent nous séparer. Reste avec moi, les autres sont dangereux ».

L’enfermement commence, puis la culpabilisation : « Qui as-tu vu aujourd’hui ? Tu m’as trompé ? Pourquoi veux-tu faire des activités sans moi ? Pourquoi m’abandonnes-tu ? ».

L’autre n’est pas reconnu comme sujet, il n’a pas le droit d’avoir des désirs et une vie affective à l’extérieur du couple. Il est « l’objet » du pervers, sa chose, sa propriété. Il lui permet de se sentir plus fort, moins en danger d’abandon. Le pervers n’écoute pas la détresse de sa victime et il ne culpabilise pas. L’autre lui appartient ; tant pis s’il est malheureux.

Le pervers narcissique n’a pas d’empathie, il ne se soucie que de lui-même et nie les besoins des autres. Il n’a pas de scrupule, pas de conscience morale, pas de remords, mais il sait très bien faire semblant d’en avoir.

Il ne respecte que lui et ses propres règles : arriver à ses fins, satisfaire ses désirs et ses besoins, si besoin aux dépens des autres. Il ment souvent, mélange vérité et mensonges, joue un rôle. Il ne respecte pas ses promesses ni ses engagements. Il ne connait pas la honte et peut nier avec aplomb lorsqu’il est pris sur le fait. Il profite au maximum des situations et des personnes, qui sont instrumentalisées, manipulées et soumises pour lui être utiles.

Pour mieux manipuler, le pervers narcissique est imprévisible, il a recours à l’ambiguïté, il use de messages paradoxaux pour déstabiliser sa victime. Elle ne peut pas comprendre la situation, prévoir sa réaction. Elle ne sait pas comment se comporter et comment répondre. Il peut alors contrôler la relation. Insidieusement, il insinue, sème le doute, dénigre sans en avoir l’air… Il est capable de faire adopter des pensées, des avis et des ressentis à ses victimes.

Il créé des conflits pour des causes anodines, alimente les tensions, se pose en victime, pousse à bout sa victime qui devient agressive, ce qui ensuite lui est reproché. Elle passe pour la méchante, celle qui détruit la relation, ce qui a pour but de la faire culpabiliser et ainsi mieux accepter les reproches et l’emprise.

Quand la victime commence à s’éloigner, à se plaindre, à vouloir partir, le pervers peut basculer dans la violence verbale puis physique. Cela commence par des reproches, des insultes, des humiliations, du mépris, des interdictions, des manœuvres de culpabilisation, le tout entrecoupé d’excuses et de moments délicieux où il se montre parfait pour mieux brouiller les pistes et dérouter sa victime.

La victime perd confiance en elle, tombe dans la dépression et n’a plus la force de réagir, de se défendre ou de partir.

Parfois suivent les coups, de plus en plus fréquents et de plus en plus forts, voire le meurtre. Le pervers narcissique n’est pas triste lorsqu’il est abandonné, il est en colère et cherche à se venger.

Des tendances paranoïaques sont possibles.

 

Le pervers narcissique est-il méchant ?

 

Selon Marie-France HIRIGOYEN, spécialiste du harcèlement moral : le pervers narcissique trouve son équilibre en déchargeant sur l’autre la douleur qu'il ne ressent pas. Il « ne fait pas exprès » de faire mal, il fait mal parce qu'il ne sait pas faire autrement pour exister. Ce transfert de douleur lui permet de se valoriser aux dépens d'autrui.

S’il ne cherche pas forcément à faire du mal, à être méchant ou violent, il est insensible aux souffrances d’autrui et peut même ressentir du plaisir à voir souffrir. Une chose est sûre : il peut être dangereux.

Tant qu’il peut contrôler la relation et obtenir l’exclusivité et la soumission de la part de sa victime, il est rarement violent. Il le devient lorsqu’il sent que l’autre s’éloigne, qu’il perd le contrôle. Il peut alors devenir extrêmement destructeur.

 

Qui peut être victime d’un pervers narcissique ?

 

A priori tout le monde, car le pervers narcissique est un expert dans l’art de contrôler les esprits. Dans les faits, certaines personnes risquent davantage de tomber dans son piège.

Le pervers narcissique cherche à rehausser l’image qu’il a de lui-même. Pour cela, il doit trouver quelqu’un qui prend soin de lui, l'admire et lui renvoie de lui-même une image flatteuse. Ses victimes sont des personnes douces, affectueuses, sincères, généreuses, dévouées, empathiques et sensibles qui aiment aider et consoler. Elles vont prendre le pervers en pitié, car il sait se faire plaindre et passer pour une personne fragile que l’on a envie de materner et protéger. Ce besoin d’aider, de réparer, d’aider le pervers à aller mieux est souvent une des raisons pour laquelle la victime ne veut pas se résoudre à partir, en plus des difficultés psychologiques et matérielles redoutées en cas de séparation et de la peur de la vengeance du pervers. De plus, la victime est sous emprise, ce qui ajoute aussi à la difficulté de s’affranchir de cette relation destructrice.

Les victimes sont généralement fragiles, naïves et peu sûres d’elles. Elles culpabilisent et acceptent les critiques trop facilement. Elles pardonnent et espèrent changer le pervers, l’améliorer à force d’amour. Elles pardonnent d’autant plus volontiers que le pervers sait se montrer gentil pour se faire pardonner et qu’il a toujours des arguments efficaces pour justifier son comportement. Elles ne perçoivent pas le piège.

Les victimes ont, elles aussi, besoin de se sentir aimées, importantes et merveilleuses, ce que le pervers leur fait croire au début de la relation.

Un enfant peut être victime d’un de ses parents à la personnalité perverse, sans possibilité de prendre du recul et d’avoir un raisonnement critique face à ce qu’il vit : il a toujours connu ce type de relation, cela lui paraît normal. Devenu adulte, il risquera d’être la victime d’un autre pervers, car il a appris à intérioriser l'image négative que son parent lui a renvoyée de lui et il acceptera la maltraitance psychologique, les critiques et le mépris qu’il pense mériter.

 

Que faire face à un pervers narcissique ?

 

Bien souvent, il n’y a qu’une solution : fuir définitivement, si possible très loin.

Il faut souvent des années à la victime pour comprendre dans quel piège elle est tombée et qui est vraiment le pervers narcissique qu’elle côtoie. Lorsqu’enfin, elle sait qu’elle a été manipulée, méprisée, détruite, elle veut fuir. Mais, attention, l’intention de fuir et de remettre en question la domination du pervers va entraîner des réactions violentes de sa part, c’est pourquoi il faut se faire aider : famille, amis, associations, services sociaux, psychologues, juges, avocats. La loi protège contre le harcèlement moral et la maltraitance psychologique.

La victime d’un pervers narcissique ne peut pas s’en sortir seule. Il lui faudra du soutien, de la détermination et de la patience, car il faut souvent plusieurs années pour guérir d’une telle relation et ne plus être harcelée par le pervers manipulateur abandonné. De la méfiance aussi, car le pervers est très fort pour convaincre et faire douter sa victime, qui peut être tentée de revenir. Il faut être conscient que le pervers ne lâchera pas facilement, il tentera tout, ne reculera devant rien. Il ne supporte pas de perdre.

Il sera difficile de faire comprendre aux autres qui est vraiment le pervers qu’ils croient connaître et à quel point il est maltraitant, car celui-ci s’est toujours ingénié à passer pour un « ange » dont il est impossible de soupçonner le moindre écart. La victime devra être persuasive et recourir plutôt à un psychologue qu’à un proche qui « connait » bien le pervers et qui l’apprécie.

Le pervers narcissique est très difficile à soigner, d’autant qu’il refuse de reconnaître qu’il a un problème. En général, il ne se remet pas en question, ne s’améliore pas, ne change pas. Il ne veut pas perdre son pouvoir sur les autres. Il ne veut pas changer, mais il fait croire qu’il va faire tous les efforts pour y parvenir. Ainsi, il manipule encore plus sa victime.

Le mieux est de s’en éloigner suffisamment loin et d’être conscient que toutes ses excuses et ses manœuvres pour vous faire revenir sont terriblement dangereuses : très vite, tout redeviendra comme avant et s’aggravera, il ne peut pas en être autrement.

Une fois libérée de l’emprise d’un pervers manipulateur, une victime doit accepter un suivi psychologique, car elle a été fragilisée, culpabilisée, détruite. On ne sort pas indemne d’une telle relation. Un travail en profondeur avec un professionnel de la santé psychique est indispensable pour « se réparer » et ne pas risquer de retomber dans une relation de même type avec un autre pervers.

 

Comment reconnaître un manipulateur ?

  

Si une personne vous maltraite, vous rabaisse, vous dénigre fréquemment ou essaye de vous culpabiliser, méfiez-vous : il s’agit peut-être d’un manipulateur.

Attention, certaines personnes sont manipulatrices sans être de véritables pervers narcissiques. Elles n’en sont pas moins dangereuses, d’autant qu’il est plus difficile de sentir le danger qu’elles représentent, car plus discrètes encore que les pervers : pas assez perverses pour être repérées, mais suffisamment pour détruire et faire souffrir.  

Quel que soit le degré de perversité ou de manipulation dont une personne est victime, elle ne doit pas accepter d’être maltraitée. Elle doit se faire aider et se protéger.

N’oubliez pas : si quelqu’un vous maltraite, psychologiquement ou physiquement, ce n’est pas de votre faute, c’est de la sienne. C’est lui qui va mal, ce n’est pas à vous de payer pour cette détresse dont vous n’êtes pas responsable.

Voici un questionnaire trouvé sur internet, qui permet d’évaluer si une personne présente ou non des signes pouvant laisser penser qu’elle est manipulatrice :

Il faut avoir répondu « oui » à au moins 14 des caractéristiques ci-dessous pour parler de manipulateur.

1 – Il culpabilise les autres au nom du lien familial, de l’amitié, de l’amour, de la conscience professionnelle…

2 - Il reporte sa responsabilité sur les autres ou se démet de ses propres responsabilités.

3 – Il ne communique pas clairement ses demandes, ses besoins, ses sentiments, ses opinions.

4 – Il répond très souvent de façon floue.

5 – Il change ses opinions, ses comportements, ses sentiments selon les personnes ou les situations.

6 – Il invoque des raisons logiques pour déguiser ses demandes.

7 – Il fait croire aux autres qu’ils doivent être parfaits, qu’ils ne doivent jamais changer d’avis, qu’ils doivent tout savoir et répondre immédiatement aux demandes et aux questions.

8 – Il met en doute les qualités, la compétence, la personnalité des autres : il critique sans en avoir l’air, dévalorise, juge et disqualifie.

9 – Il fait passer ses messages par autrui ou par des intermédiaires : téléphone au lieu de choisir le face-à-face, laisse des notes écrites.

10 - Il sème la zizanie et crée la suspicion, divise pour mieux régner et peut provoquer la rupture d’un couple.

11 – Il sait se placer en victime pour qu’on le plaigne : maladie exagérée, entourage « difficile », surcharge de travail…

12 – Il ignore les demandes, même s’il dit s’en occuper.

13 – Il utilise les principes moraux des autres pour assouvir ses besoins : notion d’humanité, de charité, racisme, « bonne » ou « mauvaise » mère…

14 – Il menace de façon déguisée ou fait un chantage ouvert.

15 – Il change carrément de sujet au cours d’une conversation.

16 – Il évite ou s'échappe de l'entretien, de la réunion.

17 – Il mise sur l’ignorance des autres et fait croire à sa supériorité.

18 – Il ment.

19 – Il prêche le faux pour savoir le vrai, déforme et interprète.

20 – Il est égocentrique.

21 – Il peut être jaloux, même s’il est par ailleurs parent ou conjoint.

22 – Il ne supporte pas la critique et nie les évidences.

23 – Il ne tient pas compte des droits, des besoins et des désirs des autres.

24 – Il utilise souvent le dernier moment pour demander, ordonner ou faire agir autrui.

25 – Son discours paraît logique ou cohérent alors que ses attitudes, ses actes, son mode de vie répondent au schéma opposé.

26 – Il utilise des flatteries pour nous plaire, fait des cadeaux ou se met soudain aux petits soins pour nous.

27 – Il produit un état de malaise ou un sentiment de non-liberté (piège).

28 – Il est efficace pour atteindre ses propres buts, mais aux dépens d’autrui.

29 – Il nous fait faire des choses que nous n’aurions probablement pas faites de notre plein gré.

30 – Il est constamment l’objet de discussions entre les gens qui le connaissent, même s’il n’est pas là.

Pour plus d’informations sur le sujet, je vous conseille les livres de Marie-France HIRIGOYEN, notamment : « Le harcèlement moral : la violence perverse au quotidien ».