Conférences

 

Vous trouverez sur cette page des résumés de conférences auxquelles j'ai assisté ainsi que des vidéos ou des enregistrements d'extraits ou de conférences complètes. Elles sont classées de la plus récente à la plus ancienne.

 

Conférence de Jean-François LAURENT, le 16 octobre 2019

 

Eduquer nos jeunes au XXIème siècle : entre autorité et bienveillance 

  

Jean-François LAURENT a été enseignant pendant trente ans, de la maternelle à l’université, ainsi que chef d’établissement. Il travaille désormais dans un centre d’accueil qui accompagne les familles. Il est également hypnopraticien.

 

L’éducation des jeunes d’aujourd’hui :

 

La plupart des parents sont contents de voir leurs enfants retourner sur les bancs de l’école à la fin des vacances. Cela montre qu’ils ne prennent pas assez de plaisir à les côtoyer, sans doute à cause d’une éducation qui n’est plus adaptée. Celle que les parents ont reçue au XXème siècle n’est plus adaptée aux jeunes d’aujourd’hui. En effet, les jeunes vivent des choses que leurs parents n’ont pas connues : les écrans omniprésents, les réseaux sociaux, l’incertitude au sujet de l’avenir, le terrorisme, le changement climatique... Le système éducatif d’hier n’est plus adapté à nos jeunes.

Beaucoup de parents sont débordés et ne se sentent pas compétents en tant que parents. Or, un bon parent est celui qui s’interroge pour faire mieux, pour s’améliorer. Et quand une éducation ne fonctionne pas bien, il faut essayer des trucs et faire autrement pour obtenir des résultats.

Beaucoup de français considèrent encore que la violence (claques, fessées…) faite aux enfants, dans le but de les éduquer, est normale. Il faut pourtant l’éviter absolument, car elle apprend à l’enfant que la violence peut être légitime. Comment lui faire comprendre ensuite qu’il ne doit pas être violent ? Et, surtout, elle lui fait perdre confiance en lui.

 

La confiance en soi :

 

En France, nos méthodes éducatives sont mauvaises pour développer la confiance en soi. On a tendance à faire plus de reproches que de compliments. Or, le cerveau humain focalise sur les reproches, car il est programmé pour être vigilant et repérer surtout le négatif : ce qui pose problème, ce qui le met en danger. C’est dû à l’instinct de survie.

Les occasions de perdre confiance en soi sont nombreuses : l’échec scolaire, l’éducation inadaptée, le manque d’amour et de reconnaissance…

Attention : il faut montrer encore plus d’amour à un enfant insupportable, car c’est l’enfant qui est le moins aimable qui en a le plus besoin. Il a une mauvaise image de lui et a encore plus besoin d’amour pour avoir confiance en lui.

C’est très important de nourrir la confiance en soi. Il faut la cultiver sans cesse. Les neurosciences nous apprennent que le cerveau est plus plastique et plus longtemps que ce que l’on croyait. On peut modifier la structure et le fonctionnement du cerveau pour le rendre plus efficace, en donnant confiance à nos enfants.

 

Certaines situations agissent sur ces neuromédiateurs que sont :

* La dopamine, qui agit sur la motivation et la bonne humeur, entre autre.

* L’ocytocine, qui donne de l’énergie, baisse l’anxiété et qui est impliquée dans l’attachement.

* La sérotonine, qui est garante de la bonne humeur (On l’appelle « hormone du bonheur » et certains antidépresseurs comme le Prozac ont une action spécifique sur la quantité de sérotonine).

* L’endorphine, qui amène détente et apaisement.

Pour rappel, un neuromédiateur est une sorte de « clé » qui ouvre les « portes » entre les cellules nerveuses (les neurones) pour laisser passer des messages au sein du cerveau et du système nerveux.

 

Voici quelques moyens d’agir sur la synthèse de ces neuromédiateurs, pour aider à se sentir mieux :

Réfléchir pour trouver :

* Les trois choses qui ont illuminé notre journée : bonne nouvelle, réussite, rencontre, promenade…

* Les cinq choses dont on est fier.

* Notre plus beau souvenir.

* Nos plus belles qualités. On peut au moins en trouver cinq, car on en a des dizaines.

* Notre plus grand talent.

* Les grandes valeurs qui animent notre vie.

Le mieux est de partager ces informations positives avec une autre personne, car on profite aussi de son bonheur. Parler des bons souvenirs permet de revivre les émotions positives qui y sont associées.

Avoir conscience de ses qualités permet de les mettre au service des autres et d’avoir davantage confiance en soi. On résiste alors mieux aux critiques, car on sait ce que l’on vaut et de quoi on est capable. Les paroles négatives nous atteignent moins. On se sent moins attaqué, on est moins bouleversé par les remarques. De plus, on regarde nos défauts avec plus de bienveillance, puisqu’on a, à côté de ça, tant de belles qualités.

Pour donner confiance en soi et éviter de blesser, voici comment faire un reproche ou une remarque : commencer par faire un compliment (sincère, sinon, ça ne marche pas), montrer de l’affection, puis seulement ensuite, faire la remarque négative. « Tu es un gentil petit garçon et je t’aime plus que tout, mais je n’accepte pas que tu me parles sur ce ton ».

Comme dit précédemment, le cerveau focalise sur le négatif, surtout s’il apparaît en premier. Le fait de commencer par du positif donne une impression plus positive à l’ensemble du message.

Lorsqu’on a une remarque à faire à un enfant, il faut avoir conscience de deux choses :

* L’amour n’est pas une récompense, mais un carburant. Si l’on dit à un enfant : « Si tu continues, je te laisse là et je pars sans toi », il se sent abandonné, devient anxieux et comprend qu’on ne l’aime qu’à condition qu’il se comporte correctement. Or, l’enfant doit savoir que l’amour que ses parents lui portent est inconditionnel. Pour cela, il faut le lui répéter et le lui montrer, car il peut y avoir des fuites au réservoir de carburant (L’enfant perd un peu la sensation et la conviction d’être aimé).

* La chambre secrète contient tout ce qu’on cache, mais que nos enfants révèlent. Si on refuse de voir et/ou de montrer un de nos défauts et que l’on repère le même chez nos enfants, cela va nous mettre encore plus en colère. Quand un comportement ou une attitude de nos enfants nous mettent trop en colère, il faut se demander pourquoi : « Qu’est-ce qui fait écho chez moi, de ce que je ne supporte pas chez lui ? ». Cela permet de relativiser et d’être moins agressif dans nos remarques.

 

Les émotions :

 

Les émotions sont ce qu’on vit dans notre corps, ce qu’on ressent. Les sentiments, c’est ce qu’on vit dans notre tête.

L’éducation cherche souvent à limiter l’expression des émotions. On apprend aux enfants à ne pas pleurer, par exemple. On minimise ce qui les perturbe : « Allez, ce n’est rien, ne sois pas triste ».

Au contraire, il faut encourager les enfants à vivre et exprimer leurs émotions. Toute émotion qui n’est pas exprimée est imprimée. Elle risque de s’exprimer plus tard d’une mauvaise façon (colère déplacée sur une autre personne, somatisations…).

Jean-François Laurent nous conseille le nouveau livre de Boris Cyrulnik qui traite de l’expression de la souffrance, « La nuit, j’écrirai des soleils » : Cliquer ICI.

Le cerveau n’est pas mature avant 25 ans. Comment un enfant, avec un cerveau immature, pourrait-il gérer correctement ses émotions ? Les débordements émotionnels sont inévitables et naturels.

Les émotions ne sont pas mauvaises et sont indispensables à la vie. Elles lui donnent un sens. Elles fonctionnent par vagues, elles viennent, enflent puis repartent. Il faut les accueillir, les écouter, les respecter.

Les quatre principales émotions sont :

* La peur : Quand un enfant a peur, il ne faut pas minimiser. Il faut écouter et reconnaître sa peur. Surtout, ne pas utiliser la peur (menaces, violence) à des fins éducatives.

La peur est un formidable mobilisateur d’énergie (car, à la base, nécessaire pour se sauver la vie, dans les temps préhistoriques). Sous l’action de la peur, la force physique peut être décuplée.

Ne pas dire à l’enfant : « Tu n’as pas besoin d’avoir peur », mais chercher la cause de sa peur puis trouver un moyen de la diminuer. Par exemple, réviser un peu plus un contrôle pour avoir moins d’appréhension, faire plus attention, mettre une veilleuse dans la chambre…

 

* La tristesse : on n’autorise pas assez nos enfants à être tristes (sans doute parce que c’est insupportable pour un parent de voir son enfant triste, en plus d’être culpabilisant).

Il ne faut pas éloigner les enfants lors des décès, ni éviter de pleurer devant eux, ni les inciter à ne pas pleurer s’ils sont tristes. Les larmes de tristesse (dont la composition est différente de celle des larmes de joie) ont un effet calmant. Il ne faut pas se priver de cet effet bénéfique.

La tristesse est l’émotion de la transformation. Par exemple, lorsqu’un patient pleure lors d’une consultation chez un psychothérapeute, cela signifie que quelque chose bouge, qu’il va y avoir une prise de conscience, un changement.

 

* La joie : rire fait du bien. Il faut multiplier les occasions d’être joyeux et de rire.

 

* La colère est sans doute l’émotion la moins acceptée. Or, les enfants ont le droit d’être en colère. C’est la forme qui peut être discutable. La colère est légitime, mais ne leur donne pas le droit de faire certaines choses (frapper les parents ou détruire des objets, par exemple).

La colère est contagieuse et on ne peut pas l’arrêter, c’est comme une explosion. Il faut attendre qu’elle se calme, inciter à « tout faire sortir », à se défouler. Ne pas céder à l’autoritarisme pour stopper net la colère.

Pour éduquer un enfant et lui apprendre à mieux vivre avec ses émotions, les parents doivent montrer l’exemple. Si les parents se disputent violemment, ils ne peuvent pas demander à leurs enfants de ne pas en faire autant entre eux.

« Donner l'exemple n'est pas le principal moyen d'influencer les autres, c'est le seul moyen », Albert Einstein.

L’amour aide à mieux vivre ses émotions. Un enfant qui reçoit assez d’amour est mieux armé pour gérer ses émotions et accepter que ses parents aiment aussi ses frères et sœurs.

Quand le parent est en colère, il doit exprimer ce qu’il ressent par des messages « Je » : « Je suis déçu de ton comportement, je ressens de la colère, je ne me sens pas respecté quand je vois que tu fais ça… »

De même, il faut faire verbaliser l’enfant sur ce qu’il ressent. Même lorsqu’il est très en colère, le fait de l’exprimer permet de le calmer. Lui faire dire ce qui le met tant en colère et ce qu’il ressent.

Sous l’effet d’un stress majeur, l’enfant n’est pas en mesure de réfléchir ni de relativiser. En effet, le stress majeur empêche de penser, car le cerveau reptilien (la partie la plus primitive qui gère l’instinct de survie) est alors submergé de cortisol, l’hormone du stress qui prépare la réaction de survie. Les réactions possibles sont la sidération, l’agressivité ou la fuite, comme l’homme préhistorique qui faisait le mort (sidération) pour détourner l’attention de l’animal sauvage, attaquait ou se sauvait en courant, le tout dans le but de sauver sa vie.

La personne sous stress majeur réagit, mais ne réfléchit pas. Autrement dit, lorsqu’un enfant est sous stress majeur, inutile de lui parler, de chercher à le raisonner. Cela vaut quand il a très peur ou quand il est en colère. Il faut le laisser décharger sa colère, puis le câliner et attendre une réparation.

Après la colère, quand la tempête est passée, demander ce qu’il a ressenti, ce qu’il s’est passé pour qu’il se mette dans cet état et comment il aurait pu faire autrement. Ensuite, il faut prévoir une réparation.

Lui demander aussi de quoi il a besoin pour se sentir mieux. S’il ne sait pas, lui faire des suggestions : Peut-être que tu as besoin d’un câlin, ou que ton frère s’excuse, qu’il te fasse un dessin… ».

De même, le parent peut exprimer un besoin si l’enfant a fait des choses inacceptables sous le coup de la colère : un bisou, une tâche ménagère, quelque chose qui fait plaisir, l’engagement de se comporter autrement la prochaine fois qu’il sera en colère…

Si un enfant fait des colères avec une personne, cela montre qu’il a confiance en cette personne, car il sait que cette personne l’aimera toujours, malgré ses colères. Il l’identifie comme une figure d’attachement prioritaire.

 

Eduquer de façon ferme et bienveillante :

 

Le parent doit être dans la bienveillance pour éduquer son enfant : être ferme, mais pas dur. La fermeté doit servir à éduquer l’enfant et non à défouler l’adulte. Elle doit servir l’enfant et non l’adulte.

Il faut tenir le cadre sans s’énerver, répéter, gentiment et autant que nécessaire, les « petites règles » (Range tes affaires, assieds-toi correctement…) et ne pas lâcher.

Dissocier la personne et le comportement. Le parent doit expliquer qu’il aime son enfant, mais pas son comportement.

Leur faire confiance. Ne pas leur dire : « Non, tu ne m’aides pas, je le ferai plus vite moi-même ». Si on ne leur donne pas l’occasion et l’habitude d’aider quand ils sont petits, ils ne le feront pas plus tard. Tant pis s’ils cassent une assiette de temps en temps.

Il faut supprimer les punitions et les récompenses La punition n’est pas efficace à long terme, car elle n’apprend pas à l’enfant à ne pas faire de bêtises, mais à les cacher. Elle diminue l’estime de soi et augmente l’anxiété. Remplacer la punition par la réparation. Quant aux récompenses, elles signifient à l’enfant qu’on ne l’aime que s’il se comporte bien ou s’il réussit.

Utiliser les Chaudoudoux, inspirés d’un conte. Cette méthode consiste à faire des compliments, à dire quelles sont les qualités de l’enfant, à dire ce qu’on aime chez lui, ce qu’il sait bien faire… Organiser des séances de Chaudoudous à la maison. En classe, on peut demander à tous les élèves d’écrire chacun un compliment, de plier la feuille et de la passer à son voisin. Cela renforce énormément l’estime de soi. Il faut bien sûr être sincère et parler en « Je » : « J’aime cette qualité chez toi, j’aime ta façon de dessiner… »

  

Voici le texte du conte des Chaudoudoux : Cliquer ICI.

Pour le commander : Claude STEINER « Le conte chaud et doux des Chaudoudoux » : Cliquer ICI.

 

Conférence de Denise DULLIAND, le 22 mai 2019

 

L’adolescent, ses relations sociales et familiales

 

La notion d’adolescence est apparue avec l’instruction obligatoire. Auparavant, les enfants allaient très vite travailler et passaient directement à l’âge adulte.

L’adolescence se définit selon trois aspects : la personnalité, le physique et les affects. Elle s’inscrit dans deux champs complémentaires : le champ familial et le champ sociétal.

L’adolescent est paradoxal : il a besoin des deux champs pour se construire. Il a un besoin d’appartenance et de reconnaissance qu’il trouve tant auprès de sa famille que de ses pairs. La difficulté est de se distinguer des copains, ne pas être trop comme eux, mais suffisamment pour ne pas se sentir trop différent et prendre le risque d’être exclu.

L’adolescent réfute ce que disent ses parents, mais en a besoin pour sa construction psychique. Les parents doivent être présents, mais accorder de la liberté et de l’espace. C’est parfois difficile de trouver la bonne position, d’autant que l’adolescent a besoin de contester le champ familial. C’est indispensable qu’il ait cette possibilité. Trop de laxisme et de liberté ne le lui permettent pas. C’est surtout la mère qui est contestée.

L’adolescent a  besoin de se séparer du champ familial, mais sans couper le cordon, qui doit juste devenir invisible. L’adolescent doit pouvoir s’éloigner. Parfois, cette prise de distance nécessite de la « violence » (contestation, portes qui claquent…) pour réussir à s’éloigner des parents, premiers objets d’amour. Sans cette violence, l’éloignement n’est pas toujours possible, car le lien est trop fort.

Dans « autorité », il y a « autoriser » : il ne faut pas confondre avec « autoritarisme ». L’autorité suppose de la liberté et de la responsabilité afin que l’adolescent puisse développer sa confiance en soi.

« Tout ce qui augmente la liberté augmente la responsabilité ». Victor Hugo.

Il ne faut pas trop interdire, pour ne pas créer de résistance. De plus, l’autoritarisme est contreproductif, car on n’apprend rien de quelqu’un dont on a peur.

Les parents doivent apprendre à lâcher prise et avoir conscience que l’éducation qu’ils donnent à leurs enfants ne peut pas ressembler à celle qu’ils ont reçue. On ne peut pas faire ni à l’identique, ni à l’opposé, car cela dépend de l’époque et du jeune à éduquer. Il faut en tenir compte et accepter de ne pas réussir ce qu’on avait choisi de faire, renoncer à l’idée que l’on s’était faite de l’enfant idéal et du parent idéal.

Il faut aussi tenir compte de la position de l’autre parent, qui n’a pas forcément les mêmes principes éducatifs. Il faut se concerter pour donner une réponse, une règle commune, une même limite. Si les parents sont séparés, les règles peuvent être différentes chez l’un et chez l’autre.

Il faut beaucoup répéter, insister pour faire respecter les règles, en disant : « J’ai peut-être tort, mais je fais mon boulot de parent ». Il faut sans arrêt poser du cadre.

Le mensonge fait partie de la construction de l’adolescent, mais le parent doit montrer qu’il n’est pas dupe.

Pour développer la motivation, dire et redire que l’effort peut aboutir, en différé, à un résultat ou pas. Cette attente et cette incertitude sont inquiétantes et le parent doit rassurer.

Les enfants et les adolescents ont besoin d’être rassurés, même et surtout ceux qui semblent sûrs d’eux. Il faut faire passer le message : « Ce n’est pas parce que tu n’y arrives pas aussi bien que tu le souhaites, ni à chaque fois, que tu es nul et que tu ne vaux rien ».

L’adolescent doit pouvoir fantasmer ce qu’il sera plus tard, espérer, imaginer l’avenir. Il faut que l’incertitude ne devienne pas de l’angoisse. C’est à partir des différents discours, de sa famille et de l’extérieur, qu’il peut élaborer sa propre pensée.

Reconnaître ses erreurs touche à la fragilité narcissique des adolescents et des parents.

Voir ses parents imparfaits permet de se dire : « Moi aussi, je peux y arriver et faire au moins aussi bien que mes parents ».

La chambre en bazar est le reflet de son droit à être « chez lui », dans SA chambre. Cela ne signifie pas qu’il sera désordonné plus tard. C’est plus inquiétant si la chambre est trop bien rangée, si l’adolescent est maniaque. Les parents ne doivent pas faire le ménage ni entrer dans la chambre de leur adolescent. Ils doivent seulement exiger qu’il l’aère et mette son linge sale dans la corbeille.

 

Livres que Denise DULLIAND conseille :

* Edith TARTAR GODDET « Savoir communiquer avec les adolescents » : Cliquer ICI.

* Germain DUCLOS, Danielle LAPORTE et Jacques ROSS « L’estime de soi de nos adolescents » : Cliquer ICI.

* J-D NASIO « Comment agir avec un adolescent en crise ? » : Cliquer ICI.

* Véronique GUERIN « A quoi sert l’autorité ? » : Cliquer ICI.

* Philippe JEAMMET « Pour nos ados, soyons adultes » : Cliquer ICI.

* Xavier POMMEREAU « Le goût du risque à l’adolescence » : Cliquer ICI.

* Serge LESOURD « La construction adolescente » : Cliquer ICI.

* Jean-Paul GAILLARD « Enfants et adolescents en mutation » : Cliquer ICI.

 

Interview de Fanny NUSBAUM et Dominic SAPPEY-MARINIER du 16 avril 2019

 

Les philo-cognitifs, ils n’aiment que penser… et penser autrement !

 

Suite à la sortie de leur livre et de plusieurs années de recherche sur le fonctionnement du cerveau des enfants précoces, ces deux chercheurs de Lyon répondent à quelques questions de Séverine Guy, éducatrice spécialisée dans l’accompagnement des parents d’enfants à haut potentiel. Olivier REVOL, qui a lui aussi mené ces recherches et co-écrit le livre, n’a pas pu se connecter pour participer à cet échange par vidéoconférence.

Fanny NUSBAUM est docteur en psychologie et chercheuse en psychologie et neurosciences à l’Université de Lyon.

Dominic SAPPEY-MARIGNER est enseignant-chercheur et biophysicien. Il travaille à la Faculté de médecine de Lyon.

 

Ils proposent un nouveau terme, « philo-cognitif », pour remplacer « surdoué », « précoce », « zèbre »… qui ne conviennent pas et ne rendent pas complètement compte du fonctionnement spécifique de cette population.

Grâce à des observations par IRM sur des enfants de huit à douze ans, ils connaissent mieux la différence entre le cerveau des enfants ordinaires et celui des enfants à haut potentiel et, parmi ces derniers, des profils « complexes » et ceux qui sont plus homogènes et qu’ils appellent « laminaires ».

L’IRM de diffusion permet de voir comment fonctionnent les liaisons entre les neurones, par le biais des axones. Des IRM de diffusion pratiquées sur des enfants, précoces ou non, ont montré que les axones des enfants à haut potentiel ont un transfert plus rapide. La conduction de l’information au sein du cerveau se fait mieux et plus rapidement chez ces enfants.

Les deux hémisphères cérébraux sont reliés par le corps calleux, qui, lui aussi, est plus efficace chez les enfants à haut potentiel. La communication est meilleure entre les neurones et également entre les deux hémisphères.

 

Trois caractéristiques sont retenues pour définir les personnes à haut potentiel :

L’hyper-spéculation : c’est le besoin de penser en permanence, sur tout et n’importe quoi, d’analyser, de se poser des questions, de surinvestir la cognition.

L’hyperacuité, l’hypersensibilité émotionnelle et sensorielle. Les informations émotionnelles et sensorielles sont détectées plus fortement et sont souvent plus dérangeantes. Cela s’explique par le fait que le réseau cérébral qui s’appelle la « saillance » est plus connecté chez les personnes à haut potentiel.

L’hyper-latence consiste à se déconcentrer, à avoir la pensée qui part dans tous les sens. Le « mode de réseau par défaut » est à l’origine de cette dispersion de la pensée, qui est normale quand on n’a pas besoin de penser à quelque chose en particulier. Il est plus connecté également chez les personnes à haut potentiel, ce qui explique cette pensée en arborescence, qui se disperse plus facilement et plus fréquemment chez les personnes à haut potentiel.

 

L’identification du haut potentiel se fait à partir d’un test psychométrique, si le QI atteint ou dépasse 130 ou si l’un des deux indices de raisonnement (ICV, l’indice de compréhension verbale ou IRF/IRP, l’indice de raisonnement non-verbal) atteint 130. Il n’y a pas de faux-positif : on ne peut pas faire semblant d’être à haut potentiel. Il y a, par contre, des faux-négatifs, si la personne est stressée, fatiguée, si elle cumule un haut potentiel avec un trouble d’apprentissage, comme un trouble déficitaire de l’attention. Pour attester d’un haut potentiel, il faut donc également que le psychologue tienne compte du contexte et du profil de la personne et non pas seulement des scores obtenus au test de QI.

 

Les personnes à haut potentiel se divisent en deux catégories :

Les « philo-laminaires » sont les personnes à haut potentiel qui ont des capacités homogènes et peu de troubles sociaux et émotionnels.

Les « philo-complexes » ont un profil hétérogène, avec de grandes capacités dans un domaine, mais pas dans d’autres et avec des réussites irrégulières. Ils peuvent être très performants un jour et beaucoup  moins à un autre moment. C’est un profil assez chaotique, avec souvent des difficultés d’adaptation. Le « complexe » a tendance à être dans le collage émotionnel, dans la sympathie : il a du mal à se distancier de l’émotion de l’autre. Il est très affecté par ce que ressentent les autres et parfois plus fortement : si une personne a un souci, il est encore plus triste que cette personne. On est au-delà de l’empathie. Son estime de soi est souvent faible, même s’il se montre sûr de lui.

A l’imagerie médicale, la différence de fonctionnement se traduit par une connectivité augmentée chez tous (laminaires et complexes), mais elle est encore plus importante chez les personnes qui ont un profil laminaire.

Chez les laminaires, le réseau est très homogène : toutes les régions du cerveau communiquent très efficacement entre elles.

Chez les complexes, le réseau est un tout petit peu moins homogène. La connectivité est un peu moins efficace.

Cela montre que les profils hétérogènes repérés par les tests de QI se vérifient par imagerie médicale et donc que les tests de QI sont fiables.

L’augmentation de connectivité chez les complexes est plus importante dans l’hémisphère gauche alors qu’elle est plus importante dans l’hémisphère droit chez les laminaires. Il y a une différenciation hémisphérique qui est directement vérifiable par imagerie médicale.

Les complexes ont très souvent un ICV (Indice de Compréhension Verbale, c’est-à-dire, ce qui évalue l’intelligence verbale) plus élevé, car l’hémisphère gauche, dédié au langage, s’est mieux développé. Chez les complexes, c’est plutôt l’hémisphère gauche qui coordonne les deux hémisphères, qui sert de « chef ». Cela explique qu’ils aient un langage intérieur très riche et qu’ils soient imaginatifs, créatifs.

Cela se fait au détriment de l’hémisphère droit et notamment de capacités très importantes, par exemple pour contrôler nos inhibitions et nos impulsivités (au niveau du cortex pré-frontal dorso-latéral droit). Ces capacités de contrôle sont très importantes pour bien se comporter en société. Les différences comportementales entre les deux profils, laminaires et complexes, s’expliquent donc en partie par une différence de fonctionnement de leur cerveau.

Leur moindre capacité à contrôler leurs inhibitions et leur impulsivité peut expliquer que les enfants complexes aient plus de mal à intégrer les règles. Ils ont un modèle interne très fort et rigide et ont du mal à concevoir que les autres voient les choses autrement. S’ils s’opposent, ce n’est pas par défiance par rapport à l’autorité ou pour embêter le monde, mais parce que leur vision est différente et qu’ils veulent défendre leur vision. Ils ne se rendent pas compte que leur vision est différente et provocatrice. Par exemple, certains ne peuvent pas comprendre que ce que dit un adulte a plus d’importance que ce que dit un enfant ni qu’un enfant doit obéir aux adultes. Il faut les aider à comprendre ça. Parfois, ils ne peuvent pas intégrer certains apprentissages parce qu’ils ne peuvent pas percevoir une autre façon de penser que leur vision.

L’hémisphère gauche est plutôt tourné vers l’intérieur et le modèle interne. L’hémisphère droit est plutôt tourné vers l’extérieur, c’est un évaluateur pour trier les données, pour évaluer les informations et décider lesquelles sont pertinentes. Pour apprendre de nouvelles connaissances, il faut admettre que d’anciennes connaissances n’étaient pas si justes que ça. Il faut inhiber ce que l’on sait pour acquérir de nouvelles connaissances. Les complexes ont un peu de mal à inhiber ce qu’ils savent et donc à acquérir de nouvelles connaissances.

Le cortex pré-frontal est un peu moins performant chez les complexes. Ils contrôlent moins leur comportement et leurs émotions. De même, la planification et la gestion du temps leur posent souvent problème.

Les amygdales cérébrales sont minuscules, mais très importantes. Elles gèrent les émotions et notamment la peur. Leur activité est un peu augmentée chez les personnes à haut potentiel et surtout chez les complexes, ce qui explique leur hyperacuité.

Le complexe a un rapport compliqué aux émotions, mais sur un mode explosif et franc. Le laminaire a un rapport qui paraît plus simple, mais qui peut également le faire souffrir. Il n’aime pas éprouver les émotions trop fortes. Il apprend à les inhiber (grâce à son cortex pré-frontal latéral droit qui est performant) et a tendance à remplacer ses émotions par des sensations (maux divers, douleurs). Il somatise facilement. Son fonctionnement émotionnel est plus adapté socialement, mais ne le rend pas forcément plus épanoui.

Tous les surdoués ont un grand besoin de contrôle, car ils sont angoissés et pensent beaucoup. Contrôler leur sert à se rassurer. Le laminaire contrôle plus, non pas parce qu’il en a plus besoin que le complexe, mais parce qu’il a davantage de capacités pour inhiber.

Les profils laminaire et complexe ne sont que des dominantes. Il y a surtout de grandes similitudes entre les personnes à haut potentiel. De plus, les dominantes peuvent évoluer dans un sens ou dans l’autre : un peu plus laminaire et moins complexe qu’avant ou l’inverse. Par contre, il semble impossible de passer complètement d’une dominante à l’autre.

L’étude n’a pas pu mettre en évidence si les profils laminaires et complexes concernent plutôt les filles ou les garçons, mais il est vrai que les filles se suradaptent plus facilement et si elles ont un profil complexe, il est souvent moins visible.

Les cerveaux féminins sont mieux latéralisés. Par exemple, le langage est traité à 80 % dans l’hémisphère gauche et à 20 % dans l’hémisphère droit chez l’homme alors qu’il est traité dans les deux hémisphères, à peu près pour moitié, chez la femme.

 

Fanny NUSBAUM explique l’angoisse de séparation par le fait que l’enfant précoce a besoin de contrôle et une hyperacuité qui l’oblige à traiter de nombreuses informations (ce qui est fatigant et anxiogène). Il perd ses repères et contrôle moins quand il n’est plus avec des personnes qu’il connait bien ou s’il n’est plus dans son environnement.

Dominic SAPPEY-MARINIER rappelle que, grâce à la plasticité du cerveau, il est possible de modifier sa structure et son fonctionnement par des efforts pour mieux contrôler ses émotions, par exemple en s’aidant de méthodes comme la méditation.

 

Voici le nouveau livre de Fanny NUSBAUM, Olivier REVOL et Dominic SAPPEY-MARINIER : « Les Philo-cognitifs: Ils n'aiment que penser…et penser autrement » : Cliquer ICI.

Voici la vidéo de l’interview (1 h 22) : Cliquer ICI.

Voici le blog de Séverine Guy : Cliquer ICI.

 

Conférence de Peggy GUSTIN-MERZOUKI, le 10 octobre 2018

 

Parler pour que les ados écoutent, écouter pour que les ados parlent

 

Le titre de la conférence reprend le titre d’un livre qui sert de base théorique à la pratique de Peggy GUSTIN-MERZOUKI. Elle anime des ateliers dans lesquels elle propose de la méditation, des échanges sur les émotions, des débats philosophiques, des jeux coopératifs...

Voici le livre, écrit par deux américaines, Adèle FABER et Elaine MAZLICH : « Parler pour que les ados écoutent, écouter pour que les ados parlent » : Cliquer ICI.

 

Qu’est-ce que l’adolescence ?

C’est une période comprise entre 10 et 19 ans. Les filles entrent dans l’adolescence en général entre 10 et 12 ans. Pour les garçons, elle apparaît un peu plus tard, entre 11 et 13 ans.

C’est un pont entre l’enfance et l’âge adulte, durant lequel l’adolescent cherche à être autonome alors que ses parents, inquiets, sont réticents à le lâcher.

Au moment de l’adolescence, le parent n’est plus un modèle que l’adolescent cherche à imiter. Au contraire, les adolescents expriment souvent le fait qu’ils veulent faire différemment. Le lien devient fragile entre les parents et leurs enfants et une discussion banale tourne facilement au conflit.

 

Comment faire pour que les échanges se passent bien ? Accueillir les émotions négatives des adolescents :

Lorsqu’un adolescent est contrarié ou qu’il se plaint, il faut écouter ce qu’il exprime sans juger, sans faire de reproche, sans insinuer qu’il a du faire quelque chose pour en arriver là (avoir une heure de colle, par exemple), sans quoi il ne se sentira pas compris et ne pourra pas évacuer ses émotions, sa colère, sa déception.

C’est souvent notre inquiétude qui s’exprime lorsque l’on reçoit ses plaintes, mais au lieu de montrer notre peur, nous exprimons de la colère et des reproches, ce qui pousse les adolescents à se rebeller.

Si on lui répond « Qu’est-ce que tu as encore fait ? » lorsqu’il se plaint d’avoir eu une heure de colle, il ne se sent pas compris, pas accueilli, pas encouragé à s’exprimer. Si on lui pose des questions qui l’incitent à se justifier ou si on lui donne des conseils, ce n’est pas mieux.

Au contraire, il a besoin d’empathie, de compréhension, de compassion.

Faire preuve d’empathie, c’est se mettre à la place de l’autre, sans juger ; c’est comprendre ce qu’il ressent, même si on ne comprend pas vraiment pourquoi il le ressent. Par exemple, on ne comprend pas pourquoi l’adolescent est en colère, parce que ce qui le met en colère ne nous mettrait pas en colère, mais on sait ce qu’est la colère, on l’a déjà ressentie, alors on peut se mettre à sa place.

Pour accueillir les émotions de l’adolescent, il faut le laisser parler, soit en approuvant d’un « Ah », « Hum », soit en se taisant, soit en reformulant (« Ah oui, je vois que tu es très en colère »), l’encourager à raconter, ne pas juger, nommer ses émotions (c’est-à-dire en reformulant).

On peut aussi reformuler en expliquant (ce qu’on appelle « reformulation empathique ») qui montre qu’on a vraiment compris : « Tu es en colère, car… ».

Par exemple, on peut utiliser les formules suivantes pour montrer qu’on accueille, qu’on comprend : « Tu es déçu », « Tu aurais aimé », « Tu es découragé », « C’est décourageant »…

 

Comment inviter un adolescent à coopérer ?

Il ne faut pas essayer de le faire obéir coûte que coûte, mais l’inciter à collaborer. En règle général, les parents donnent beaucoup trop d’injonctions, ce qui ne motive pas les enfants à collaborer et qui, surtout, ne les encourage pas à être autonomes, à se responsabiliser : ils ne font les choses que parce qu’on le leur demande, ça ne vient pas d’eux.

Les ordres, les reproches, la comparaison avec le frère ou la sœur, ça ne marche pas. L’ordre créé de la résistance, du ressentiment.

Il vaut mieux décrire le problème. Au lieu de dire : « Ne laisse pas ton sac au milieu du couloir », il vaut mieux expliquer : « Quelqu’un risque de se prendre les pieds dans ton sac si tu le laisses dans le passage ».

Au lieu de faire des reproches, il vaut mieux donner des renseignements : « Avant de laver un pull en laine, il faut regarder l’étiquette », « La serviette ne sèche pas si on la laisse en boule ».

Parler avec JE au lieu de TU. Au lieu de dire : « Tu fais trop de bruit », dire : « Je n’aime pas entendre tout ce bruit ». L’enfant ne se sent pas agressé et sera plus disposé à coopérer.

Laisser le choix. Ne pas dire : « Tu changes de chemise, celle-ci es trouée », mais : « Tu changes de chemise ou tu mets une veste par-dessus ».

Laisser des petits messages dans la maison : « Mettre le linge sale dans le panier », « Au secours, je déborde, fais quelque chose. Signé ta poubelle ».

 

Comment remplacer la punition ?

Les parents punissent parce qu’ils ont peur de perdre le contrôle ou en espérant faire obéir à l’avenir. Ce n’est pas efficace, car les enfants punis se sentent incompris, victimes d’injustice et ils sont en colère. Ils n’apprennent pas à obéir, mais à être plus prudents, à mieux se cacher pour mal se comporter. La punition ne fait pas changer le comportement, sinon par la peur. Elle ne responsabilise pas.

Si l’enfant se soumet, ce n’est pas mieux, car, d’une certaine manière, il reconnait qu’il mérite la punition parce qu’il est mauvais. Ce n’est pas bon pour l’estime de soi.

Au lieu de punir, il faut exprimer ses sentiments (Je suis déçu), ses attentes (Je souhaite que…), donner des conseils et proposer des choix.

En cas de récidive, le mettre face à ses responsabilités. Par exemple, un adolescent ne fait plus ses devoirs et ses notes baissent parce qu’il consacre trop de temps à ses entraînements de foot. Au lieu de le punir et le priver de foot, lui dire qu’on est inquiet, déçu et qu’on attend de lui qu’il se remette au travail, en limitant peut-être, si besoin, le nombre d’entraînements hebdomadaires. Croire en lui, lui affirmer qu’on sait qu’il peut le faire.

Si, malgré tout, il ne travaille pas davantage, le priver d’entraînement, mais il faut qu’il soit responsabilisé : « Tu reprendras le foot lorsque tes notes remonteront ». La balle est dans son camp.

C’est différent d’une punition. On passe à l’action, parce qu’il faut bien trouver une solution, mais on le fait avec bienveillance.

 

Que faire si le problème persiste ?

Il faut trouver des solutions avec l’enfant. Discuter du problème avec lui lorsque l’on est, tous deux, disponibles, surtout pas quand l’un des deux est en colère. Chercher les solutions avec lui permet de lui montrer qu’il fait partie de la solution et non pas seulement du problème.

1. Accueillir son point de vue : « Ah bon, le désordre de ta chambre ne te dérange pas ? Tu trouves que tu n’as pas assez de place pour tout ranger ? ».

2. Donner son propre point de vue : « Ça me dérange beaucoup de voir ta chambre dans cet état, sans parler des mauvaises odeurs que l’on sent, même quand la porte est fermée ».

3. Expliquer qu’il faut trouver une solution et qu’on va le faire avec lui. Et qu’il faut que la solution soit satisfaisante pour tout le monde.

4. Noter toutes les idées sur une feuille, même celles qui paraissent farfelues.

5. Faire le tri parmi les idées, dire ce qu’on peut accepter, faire des concessions de part et d’autre pour arriver à un compromis.

 

Comment favoriser l’estime de soi ?

A l’adolescence, nos enfants sont fragiles. Ils ont besoin d’être encouragés et qu’on croit en eux. C’est une période où l’on croit moins en eux, car on pense souvent qu’ils y mettent de la mauvaise volonté.

Il vaut mieux décrire ce qu’il a bien fait, lorsqu’on fait un compliment. Ne pas seulement dire : « C’est bien, tu as eu une bonne note » et encore moins « Tu vois, quand tu veux ! », mais : « Tu as évité les fautes d’orthographe, tu as bien rédigé…Tu peux être fier de toi ».

Ne pas dire « JE suis fière de toi », car nous ne sommes pas responsables de sa réussite. Dire « TU peux » ou « TU dois être fier de toi ».

On a tendance à pointer surtout, ou seulement, le négatif (voir la seule mauvaise note parmi de très bonnes notes). Il faut pointer le positif. Au lieu de dire : « Tu n’as pas lavé la table », dire : « C’est bien, tu as pensé à débarrasser la table. Un coup d’éponge et ce serait parfait ».

Quand on crie, qu’on fait des reproches, qu’on perd le contrôle, on peut dire, après-coup, qu’on regrette.

   

Conférence de Sylvain BRIANT, le 27 octobre 2017

    

Vidéo d'une conférence sur le syndrome d'Asperger lorsqu'il est "invisible", car masqué, compensé par un haut potentiel : Cliquer ICI.

    

Conférence de Nathalie GOUJON, le 17 octobre 2017

    

Des moqueries au harcèlement…comment éviter le pire ?

 

Nathalie Goujon est thérapeute, conférencière et formatrice au centre « À 180 degrés/Chagrin scolaire » qui possède des antennes à Lyon, Mâcon, Paris et Genève. Elle travaille avec Emmanuelle Piquet, auteur des livres « Te laisse pas faire ! » destiné aux parents et « Je me défends du harcèlement » pour les enfants.

Ce centre de consultation et de formation regroupe des psychopraticiens dont l’objectif est d’apaiser les souffrances liées à la scolarité : celles des enfants, des parents et des enseignants.

Leur page Facebook : Cliquer ICI.

Nathalie Goujon nous donne tout d’abord l’exemple d’une élève de 6ème qui veut changer de collège, car elle subit les moqueries d’un garçon, depuis la classe de CE2. Elle n’a pas fait grand-chose pour inciter ce garçon à la laisser tranquille. En élémentaire, suite à l’intervention de la maîtresse, les attaques n’ont pas cessé, mais sont devenues plus subtiles, moins visibles.

Le changement de collège serait injuste, car c’est elle, la victime, qui devrait souffrir de quitter ses copines. De plus, elle risque de revivre la même chose avec un autre élève, dans un autre établissement, si elle n’apprend pas à se défendre.

Le travail de la thérapeute consiste alors à lui apprendre à réagir de façon efficace, en se servant de ce que dit son harceleur pour lui renvoyer puissamment, mais sans méchanceté ni agressivité, un message qui va le vexer, voire l’humilier devant ses copains. Il comprendra ainsi qu’en s’attaquant à elle, il risque une réaction qui va nuire à sa popularité. Lorsqu’un enfant harcèle, il le fait généralement devant d’autres enfants qui sont ses amis ou qui le craignent. Cela lui permet de gagner en popularité. Il se fait respecter ou craindre.

Par exemple, on peut répondre à un harceleur qui attaque sur le physique : « Oui, je suis grosse, mais je peux maigrir, alors que toi… on ne peut rien faire pour ta bêtise, ça ne s’arrangera pas ».

Contrairement à l’idée générale qui veut qu’un enfant soit harcelé parce qu’il présente une différence, tout le monde peut un jour être victime de moqueries ou de harcèlement. Il suffit, à un moment, d’être en position de vulnérabilité : à cause d’un déménagement, d’un problème familial qui fragilise temporairement, d’une trop grande sensibilité…

Quand un enfant cherche une victime, il repère facilement celui qui est vulnérable : cela se voit dans son regard, sa posture, sa façon de réagir (pleurs, agressivité, colères) ou de ne pas réagir. Parfois, le harceleur s’amuse à pousser à bout sa victime, à la faire sortir de ses gonds et c’est elle qui se fait punir. Elle ne sait pas dire « Stop » ni se faire respecter d’une façon adaptée.

Tant que la victime se montre trop fragile ou incapable de se défendre, il n’y a pas de raison que le harceleur arrête. Si un harcèlement continue, c’est parce que ça fonctionne : le harcelé se laisse faire. Les enfants pensent naïvement que le harceleur va s’arrêter parce qu’il sait que son comportement est méchant. Ils refusent aussi d’être méchants à leur tour en réagissant d’une manière qu’ils pensent être méchante ou violente. Alors, ils ne réagissent pas, ils ne font rien.

Nathalie Goujon donne l’exemple d’un autre enfant qui investit beaucoup son rôle de délégué, car il a à cœur de se mettre au service de ses camarades de classe et de les aider. Lorsqu’on lui reproche d’être un mauvais délégué, il se montre blessé, déstabilisé, donc vulnérable, ce qui va permettre la mise en place du harcèlement. Ce n’est pas un enfant qui a un problème particulier, ni même une différence. C’est seulement un enfant déçu et blessé, car il avait idéalisé le rôle de délégué. Comme les autres le voient blessé, ils ont envie de continuer à lui reprocher d’être un mauvais délégué. Ils ont senti la faille et s’y sont engouffrés. Le harcèlement s’installe.

 

Lorsque les adultes interviennent, cela renforce la position de chacun :

* Le harcelé est conforté dans une position faible, car si les adultes doivent le défendre, c’est bien parce qu’il n’est pas capable de le faire lui-même. Il se sent encore moins fort et le harceleur a la preuve qu’il ne sait pas se défendre.

* Le harceleur est conforté dans sa position forte : il a tellement de pouvoir que des adultes sont obligés d’intervenir.

De plus, punir un élève parce qu’il se comporte mal renforce souvent sa popularité. Il devient alors le caïd. Sans oublier que dénoncer un élève et le faire punir fait courir le risque de subir des représailles.

Les adultes doivent aider, mais pas défendre l’enfant à sa place. Ils doivent, plutôt que se mettre entre le harceleur et l’enfant victime, se positionner à côté de lui : l’aider à trouver comment réagir, comment déstabiliser son harceleur. C’est vrai également pour les disputes entre frères et sœurs, il faut les laisser gérer cela tous seuls.

Un enfant qui aura ainsi appris à se défendre sera mieux armé pour sa vie future, car il retrouvera de potentiels harceleurs toute sa vie, à l’école, puis dans sa vie professionnelle. Tant qu’il ne saura pas se faire respecter, certains n’hésiteront pas à le maltraiter ou à profiter de lui.

Il y a deux types de harceleurs : les « gentils » qui sont très populaires et qui peuvent blesser involontairement et les « méchants » qui assoient leur popularité sur la cruauté : ceux-ci ont besoin de torturer pour faire rire ou encore faire peur, car ils veulent que les autres se soumettent.

Les campagnes de prévention sont inefficaces, car dès la fin du primaire et surtout au collège, les enfants sont peu touchés par la morale et la compassion. C’est trop important, à cet âge, d’être populaire. Au lycée, les choses s’apaisent, mais les rares situations y sont souvent critiques.

Pour faire changer les choses, il faut que le harceleur ait une bonne raison d’arrêter. Le centre « À 180 degrés/Chagrin scolaire » se réfère aux théories de l’école de Palo Alto, en Californie. Des psychologues comme Bateson ou Watzlawick y réfléchissaient aux comportements humains. D’après eux, s’il n’y a pas de conséquence négative, le comportement ne peut pas cesser. Par exemple, si une victime dit : « Arrête ! » à son harceleur et qu’il n’y a pas de conséquence, le harceleur entend : « Continue, tu ne risques rien ».

D’après l’école du Palo Alto, si on ne parvient pas à résoudre un problème, c’est qu’on s’y prend mal, c’est qu’on fait l’inverse de ce qu’il faut faire. Pour régler un problème de harcèlement, il faut donc faire l’inverse (un virage à 180 degrés) de ce qu’on a déjà fait.

Avec les enfants reçus en consultation, les thérapeutes du centre cherchent une « flèche », comme disent les enfants eux-mêmes : c’est une réplique cinglante qui va « clasher » le harceleur, devant tout le monde, pour égratigner sa popularité. Lorsque la flèche est bien trouvée et qu’elle convient à la victime, ce dernier doit s’entraîner à envoyer cette flèche. Ses parents, ses copains, ses frères et sœurs peuvent lui donner la réplique afin qu’il prenne de l’assurance.

Parfois, l’enfant outillé d’une flèche et bien entraîné arrive à l’école en se sentant tellement confiant et pressé d’envoyer sa flèche que le harceleur sent que quelque chose a changé dans son regard, son attitude, sa prestance. Il n’ose plus venir l’embêter et la victime n’a même pas l’occasion d’envoyer sa flèche. À l’école élémentaire, la flèche est inutile dans 60 % des cas.

Pour illustrer le cas du harceleur « gentil », Nathalie Goujon donne l’exemple d’une adolescente qui est prête à tout pour faire partie d’un groupe de filles dont elle admire la meneuse. Or, celle-ci décide de l’accepter ou non, selon les jours. Par son comportement soumis, la jeune fille rejetée envoie le message : « C’est Toi qui décides ».

La thérapeute lui explique qu’elle a deux possibilités : soit continuer à se faire piétiner, au risque que cela s’aggrave. Soit faire l’inverse, arrêter de mendier leur amitié, leur montrer qu’elles ne sont pas intéressantes et, ainsi, envoyer le message : « C’est Moi qui décide ».

Tout d’abord, c’est rassurant pour la jeune fille de voir qu’elle a le choix et aussi la possibilité, la capacité de changer les choses. Elle choisira finalement de leur montrer qu’elle se désintéresse d’elles. Et lorsque les filles viendront la chercher, elle leur dira quelque chose comme : « Non, finalement, j’ai réfléchi, je pense qu’on n’est pas compatibles ».

Il est important qu’un enfant puisse se confier à ses parents lorsqu’il vit une situation de harcèlement. Il continuera à le faire si ceux-ci lui assurent qu’ils ne feront rien sans son accord (par exemple, prévenir l’école). Cette promesse devra être tenue.

 

Les parents peuvent aussi s’appuyer sur les livres d’Emmanuelle Piquet pour aider leur enfant à apprendre à se défendre : Voir le livre ICI.

 

Réponses de Nathalie Goujon aux questions des parents présents :

* On parle plus du harcèlement aujourd’hui, mais il a toujours existé. On est certainement plus attentifs aux rapports entre nos enfants et leurs pairs et il est possible qu’on ait aggravé les choses en étant trop inquiets par rapport à leurs relations.

* Une période de harcèlement n’aura pas forcément un impact négatif si, à un moment donné, la victime a appris à se défendre et à se faire respecter. Dans le cas contraire, elle risque de garder une mauvaise confiance en elle.

* Lorsqu’un adulte veut aider un élève dans une école ou un collège (un CPE par exemple), il faut le faire discrètement, en restant dans l’ombre, pour donner l’impression que la victime peut se débrouiller toute seule et qu’elle n’est pas si faible que cela. Parfois les parents réclament avec insistance l’intervention du corps enseignant, fort de leur bon droit. Il faut leur expliquer quels sont les risques lorsqu’un adulte intervient auprès du harceleur.

* Si la victime se défend, le harceleur peut effectivement changer de victime, mais il apprend tout de même que les faibles ne sont pas toujours faibles et qu’il ne sera pas toujours en position de force.

* Travailler avec le harceleur (essayer de changer son comportement, de le raisonner…) est inefficace, car il n’a pas d’intérêt à changer. Seul celui qui souffre a besoin de changer et acceptera de faire quelque chose pour que ça change. L’être humain ne change que s’il souffre.

* Il vaut mieux éviter de montrer aux enfants les documentaires sur le harcèlement, car ils leur laissent penser qu’il n’y a rien à faire et qu’il n’y a parfois pas d’autres solutions que de changer d’école ou se suicider. Ils expliquent rarement qu’il y a une solution et comment faire pour se défendre. Et, pourtant, pour aider un enfant harcelé, il faut lui faire comprendre que s’il a été harcelé, c’est parce que, jusqu’à maintenant, il n’a pas su comment se défendre. Mais que ça peut changer, qu’il est capable d’apprendre à se défendre et qu’il peut se débarrasser de ce problème de harcèlement.

* En cas de harcèlement par internet, c’est une mauvaise idée de conseiller de ne plus lire les remarques et moqueries, car c’est angoissant de ne pas savoir ce que les autres écrivent. Il est préférable de conseiller d’utiliser internet pour prendre les choses en dérision. Par exemple, si des adolescents se moquent de l’acné d’un jeune homme, celui-ci peut mettre un commentaire drôle en rapport avec son acné, sur internet, ou même sur un tee-shirt qu’il portera pour aller au collège. Il montre ainsi que ça ne le touche pas et qu’il est courageux.

À la fin de la conférence, une mère d’élève du collège, par ailleurs pompier, vient présenter un jeu qu’elle a mis au point avec ses enfants. Il a pour but de s’entraîner à donner la réplique à ceux qui se moquent ou cherchent à harceler, pour développer sa répartie et dédramatiser les rapports conflictuels entre jeunes, pour apprendre à répondre en surprenant, avec humour et en cherchant à rendre l’autre ridicule.

Le jeu s’appelle « Contre clash ! » Il n’est pas encore commercialisé. Les personnes qui seraient intéressées peuvent contacter l’auteur de ce jeu, dans l’attente de sa parution, à l’adresse suivante : contreclash@yahoo.fr

    

Conférence de Patrick LEVEQUE, le 11 mai 2017

   

Les addictions

 

Patrice Lévêque est gendarme, formateur et relais anti-drogue, notamment auprès des établissements scolaires.

 

Qu’est-ce qu’un stupéfiant ?

Un stupéfiant est une substance qui agit sur le système nerveux central et, plus précisément, sur le fonctionnement des neurones cérébraux. Il modifie le comportement et les sensations.

Les stupéfiants peuvent être autorisés, voire même en vente libre, comme le tabac, l’alcool, les médicaments, les solvants ou illicites, comme le sont le cannabis, l’héroïne, la cocaïne, l’ecstasy…

Lors de la consommation d’un stupéfiant, il y a trois phases :

* Une phase de montée qui provoque de l’euphorie, de l’excitation.

* Une phase de descente qui entraîne de la béatitude.

* Une phase de dépression qui amène au sommeil ou au manque.

Normalement, lors de la première prise, il n’y a pas ou peu d’effet de dépression, donc de dépendance. Plus la consommation devient fréquente, plus les phases de dépression sont intenses et plus la dépendance s’installe : quand l’effet du stupéfiant s’estompe, le consommateur se sent de plus en plus mal.

Ce sont surtout les jeunes qui vont mal qui consomment des stupéfiants. D’où l’importance d’être proche de ses enfants et de maintenir le dialogue pour éviter qu’un mal-être ne s’installe.

 

Les drogues licites :

Le tabac tue 73000 personnes par an en France, dont les fumeurs passifs, ceux qui ne consomment pas, mais qui subissent le tabagisme dans leur entourage.

L’alcool tue 49000 personnes de plus de 15 ans par an en France. Il est souvent associé aux autres produits stupéfiants, notamment en soirée ou en groupe.

Il faut expliquer aux jeunes et insister sur le fait qu’ils sont en danger s’ils sortent de soirée : ils ne doivent pas se faire reconduire par un ami qui a trop bu ou même rester seul dans la rue s’ils sont en état d’ébriété, car l’alcool est dangereux aussi pour les piétons.

L’alcoolémie excessive sur la voie publique peut conduire en cellule de dégrisement et être sanctionnée par une amende.

Aujourd’hui, la consommation d’alcool a évolué. Les jeunes cherchent à boire le plus possible, le plus vite possible et risquent un coma éthylique.

De plus, un état alcoolisé peut favoriser un viol, une agression.

Les jeunes peuvent boire en soirée, mais ils doivent le faire dans de bonnes conditions, sans se mettre en danger.

Les médicaments sont consommés par quatre millions de Français et peuvent être responsables d’accidents de la route.

Les solvants se consomment par inhalation : colles, carburants, peintures, désodorisants, laques…

 

Les drogues illicites :

Le cannabis serait consommé par plus de 13 millions de personnes en France (80 millions en Europe), mais il est fort possible que les chiffres réels soient bien plus importants.

Les Français sont de plus en plus nombreux à consommer du cannabis, y compris au collège.

Le cannabis contient une substance active, le THC, Tétra Hydro Cannobinol, qui est plus ou moins concentrée selon la forme sous laquelle le cannabis est présenté :

* L’herbe (les feuilles, les branches et les fleurs) contient peu de THC, mais les concentrations ont nettement augmenté depuis quelques années (pour passer de 2 à 15 %) : elle est broyée et mélangée à du tabac, dans une cigarette à rouler.

* La résine de cannabis est composée de poudre de cannabis mélangée à n’importe quoi : du sable, de la terre, de la cire, du henné, de la colle… Ensuite ajoutée à du tabac, elle permet elle aussi de se faire un joint. La résine de cannabis contient jusqu’à 40 % de THC.

* L’huile de cannabis est rare en France. Elle peut contenir jusqu’à 80 % de THC. Elle sert à tremper les cigarettes pour les imprégner de cannabis.

Le THC perturbe le fonctionnement des neurones dopaminergiques et limite la réception de dopamine, ce qui entraîne un ralentissement du cerveau pour une sensation de détente. C’est un perturbateur. D’autres substances sont des dépresseurs, comme l’héroïne et l’opium. La consommation d’un dépresseur peut mener à la schizophrénie ou à un trouble bipolaire. D’autres substances encore sont stimulantes comme la cocaïne, l’ecstasy, le café.

Les effets d’une consommation de cannabis sont les yeux rouges, l’état plus ou moins endormi, l’accélération du rythme cardiaque, la bouche sèche… La concentration et la mémoire sont moins performantes, les résultats scolaires s’effondrent, l’adolescent communique moins en famille et montre un besoin d’argent accru qui peut l’inciter à voler ou à devenir revendeur.

Dès l’âge de treize ans, certains consommateurs fument plus de dix joints par semaine, voire plus de cinq par jour, dans les cas extrêmes. Les effets sur les fonctions cognitives peuvent être irréversibles. Heureusement, la dépendance au cannabis n’intervient qu’au bout de plusieurs prises régulières et se soigne.

Sur le bassin annécien, certains revendeurs ajoutent de l’héroïne ou de la cocaïne au cannabis pour que les consommateurs deviennent dépendants immédiatement et soient ensuite de fidèles clients. De cette manière, la dépendance peut s’installer dès le deuxième joint.

Quand on entre dans un bain trop chaud, on est agressé et on en ressort aussitôt. Si l’eau est à bonne température quand on y entre, on peut ensuite ajouter de l’eau brûlante et faire monter nettement la température de l’eau du bain. L’organisme s’habitue. Pour la consommation de stupéfiants, c’est la même chose,  l’organisme s’habitue, la dépendance s’installe et la personne ne gère plus rien du tout : son corps est en manque, elle vit pour sa dépendance et elle est prête à tout pour se procurer sa dose, quitte à voler. C’est souvent après avoir arrêté un voleur dans un magasin que les forces de l’ordre repèrent un consommateur de drogue, suite à une perquisition à son domicile.

Si un consommateur est arrêté, il ne risque malheureusement qu’un rappel à la loi. S’il ne commet pas d’infraction pendant trois ans (ou s’il ne se fait pas prendre), l’affaire est classée sans suite.

Les enfants de moins de treize ans ne sont pas pénalement responsables. Ce sont les parents qui seront éventuellement sanctionnés.

Entre 13 et 17 ans, la responsabilité est partagée entre le jeune et ses parents. À cet âge, un jeune peut être mis en examen et aller en prison. À 18 ans, son casier judiciaire sera effacé, sauf s’il a commis des infractions trop graves. Attention : à la majorité, toute nouvelle infraction  est définitivement inscrite et la majorité des patrons consultent le casier judiciaire des candidats à un poste avant de les embaucher. En Suisse, la consultation du casier judiciaire est systématique. Ce serait vraiment dommage qu’une erreur de jeunesse compromette les chances de trouver un emploi. Il est possible, mais très aléatoire, de pouvoir faire effacer une toute petite infraction en écrivant au procureur de la République.

Une consommation de stupéfiants peut être mise en évidence avec un test salivaire, disponible en pharmacie, jusqu’à plusieurs jours après la prise, de même qu’avec un test urinaire ou capillaire. Le test sanguin est le plus efficace et peut révéler des traces de drogue plusieurs mois après la consommation.

Des contrôles sont effectués dans les établissements du bassin annécien avec des chiens spécialisés qui viennent dans les classes renifler les élèves et leurs sacs.

L’héroïne provient de la fleur de pavot. Elle ralentit le système nerveux central. Les consommateurs peuvent se l’injecter en intraveineuse ou la faire brûler et en inspirer les vapeurs. Cette deuxième forme de consommation est encore plus nocive. La combustion de l’héroïne laisse dégager des gaz très toxiques qui détruisent la cloison nasale.

Les consommateurs risquent de graves problèmes de santé et l’overdose. Le gramme d’héroïne coûte normalement 50 à 70 euros, mais, en Haute-Savoie, certains revendeurs le bradent à 25-30 euros, ce qui rend l’héroïne accessible à davantage de consommateurs potentiels. Habituellement, ce sont les adultes, plus que les adolescents, qui consomment l’héroïne.

La dépendance à l’héroïne s’installe immédiatement et ne se soigne quasiment pas. Il est très rare de réussir à s’en sortir malgré la substitution médicamenteuse par la Méthadone. Ceux qui y parviennent en gardent des séquelles physiques et psychologiques.

La cocaïne circule peu à Annecy. Elle est plutôt utilisée dans les milieux aisés ou le show biz. Elle stimule et accélère le rythme cardiaque.

La dépendance à la cocaïne est elle aussi immédiate et quasi impossible à faire disparaître. L’état du consommateur est toutefois un peu moins dégradé, car la cocaïne stimule.

L’ecstasy et les nouvelles drogues de synthèse, présentés sous forme de cachets à ingérer, sont souvent achetés sur Internet et proviennent d’Asie. Certains cachets contiennent des mélanges, voire de l’héroïne ou de la cocaïne. Les consommateurs ne savent pas vraiment ce qu’ils contiennent. Les effets sont immédiats : anorexigène, euphorisant, désinhibant… On ne connait pas réellement quels sont les effets à long terme et ils dépendent bien sûr de la composition des cachets.

Tant qu’une substance n’est pas encore connue ni considérée comme étant un stupéfiant, elle n’est pas illicite. Le but des revendeurs est donc de mettre sur le marché des substances nouvelles et de plus en plus puissantes.

Un nouveau produit commence à circuler et est cinquante fois plus puissant que les autres drogues dures, le Fentanyl. C’est un analgésique opiacé. L’addiction est instantanée.

En cas de doute sur la consommation de leur enfant, les parents peuvent contacter le gendarme Lévêque au 06 77 45 29 98 ou patrice-g.leveque@gendarmerie.interieur.gouv.fr

 

Les addictions aux objets permettant de se connecter :

Les ordinateurs, les tablettes et les smartphones engendrent beaucoup de problèmes, car il est très facile de s’exprimer derrière un écran. Ce qui, au départ, était une gentille taquinerie peut s’envenimer et devenir un réel harcèlement avec risque de suicide de la victime.

Facebook permet de poster des photos, des moqueries, des insultes, des menaces et même des défis, de plus en plus dangereux et illégaux. Facebook est très utilisé par les forces de l’ordre pour mener les enquêtes judiciaires.

Attention, tout ce qu’on poste sur Internet ne nous appartient plus. Même si on pense les avoir supprimées, les informations et les photos existent encore et peuvent être revendues dans le monde entier. Nous n’avons aucun droit sur ce que l’on diffuse sur Internet.

L’addiction à Internet et aux écrans entraîne des difficultés d’endormissement et un manque de sommeil.

La pratique de jeux violents, parfois par des adolescents de 12-13 ans qui utilisent des jeux réservés aux jeunes de plus de 16 ans, peut avoir des conséquences désastreuses : des passages à l’acte violents et, dans les cas extrêmes, des meurtres.

Il est possible de porter plainte en cas d’insultes ou de menaces uniquement si elles sont écrites sur Internet ou si elles sont répétées. Une insulte verbale ou une menace isolée ne peut pas donner lieu à une plainte.

        

Conférence de Catherine LEGROS, le 28 mars 2017

   

 Accompagner un jeune dans ses apprentissages

Développer la confiance et favoriser l’autonomie

 

Catherine GROS est formée aux méthodes Montessori et à la gestion mentale, elle accompagne les jeunes pour apprendre à apprendre et forme les enseignants.

 

1. Le constat :

Souvent, les élèves n’identifient pas ce qu’ils ont fait en classe. Ils peuvent dire qu’ils ont fait des mathématiques, par exemple, mais ne peuvent pas expliquer ce qu’ils ont fait exactement, ce qu’ils ont appris, ce qu’ils ont compris. Ils travaillent mécaniquement, ils appliquent ce qu’ils croient avoir compris, ils vont droit au but et s’intéressent uniquement au résultat sans s’intéresser au cheminement mental nécessaire pour y parvenir. Ils sont dans l’immédiateté.

Ils ne sont pas réellement présents, ils ne sont pas actifs au niveau cognitif. Or, il ne peut pas y avoir d’apprentissage sans engagement. Il n’y a pas d’apprentissage sans activité cognitive ni disponibilité mentale. Tous les jeunes veulent réussir, mais certains ne savent pas comment faire.

 

2. Le cerveau :

Le cerveau est plastique ; rien n’est figé. Les connexions se développent et se renforcent par l’apprentissage et l’expérience, tout au long de la vie. Il faut l’expliquer aux élèves en difficulté afin qu’ils comprennent que rien n’est perdu et qu’ils peuvent changer les choses. Ils sont acteurs de leur réussite et ils peuvent progresser.

Ils doivent avoir conscience également que le cerveau n’est pas multi-tâches et qu’il est moins performant s’il doit gérer plusieurs activités à la fois. Pour faire les devoirs, il est donc préférable de mettre de côté le téléphone et de se concentrer uniquement sur le travail, sans regarder la télé ou faire autre chose en même temps. Il est plus difficile de se mettre au travail que d’y rester. Si on est en train de travailler et que le téléphone sonne, il est plus difficile ensuite de se remettre en route. Il faut faire en sorte de ne pas être coupé.

Selon Howard Gardner, il y a plusieurs formes d’intelligence, parmi lesquelles les intelligences verbale et logico-mathématique qui sont celles que les tests de QI évaluent. Jusqu’à 15 ans, ce sont plutôt les intelligences musicale, visuo-spatiale et kinesthésique qui sont prédominantes.

Le cerveau a des besoins : il doit être actif pour être performant. Il nécessite également une bonne hygiène de vie : un bon sommeil, car c’est pendant la nuit que le cerveau trie et stocke les informations reçues pendant la journée en mémoire à long terme, une bonne alimentation (Un excès de sucre et de colorants perturbe le fonctionnement du cerveau) et un apport d’eau suffisant (Il est fréquent que les jeunes boivent trop peu).

Enfin, il ne doit pas être perturbé par des préoccupations ou du stress : l’affectif est le carburant du cerveau. Si le jeune ne se sent pas bien, s’il est préoccupé, stressé, angoissé, dépressif, il ne peut pas apprendre.

Le stress est une réponse normale de l’organisme pour assurer la survie, hérité de nos ancêtres qui devaient être prêts à réagir en cas d’attaque de bêtes sauvages. Le stress entraîne la fuite, l’attaque ou l’immobilisme. C’est le cerveau reptilien qui prend les commandes, celui qui est dévolu à l’instinct de survie. Si le jeune ne gère pas son stress, sa pensée se bloque, il ne peut pas laisser le néo-cortex travailler et enregistrer des contenus d’apprentissage.

Il y a également le cerveau limbique, dédié aux émotions, qui vient parasiter le bon fonctionnement du néo-cortex (qui n’est mature qu’à l’âge de 25 ans). Il est primordial que l’enfant se sente bien et gère correctement ses émotions pour pouvoir apprendre. Ce qui stresse les jeunes, ce sont essentiellement la prise de parole en public, la peur d’échouer et celle de décevoir les parents. Il est donc important de ne pas mettre la pression, de les encourager et de les féliciter. Quand le bulletin arrive, demander ce qu’il en pense, sans faire de reproche. S’il dit qu’il s’en fiche, lui dire qu’on ne le croit pas et que l’on reposera la question plus tard.

 

3. Le cadre :

La confiance ne se décrète pas, elle se construit. Quand on interroge un jeune, il exprime qu’il aimerait avoir de bonnes notes et travailler sans avoir besoin d’aide. Il doit réussir seul pour prendre confiance en lui. Il est important de ne pas devancer ses besoins, de le laisser se débrouiller s’il ne demande rien et d’attendre qu’il pose des questions pour y répondre. Il faut le laisser travailler le plus possible en autonomie.

Les enfants et les adolescents sont des éponges émotionnelles. Si les parents ne sont pas en forme ou tendus, il vaut mieux qu’ils s’abstiennent de tenter de les aider à faire leurs devoirs, au risque que l’ambiance et la relation soient délétères.

Il faut vingt messages positifs pour compenser un message négatif. Or, on a tendance à davantage focaliser sur le négatif que sur le positif. Cela est dû à notre cerveau reptilien dont le but est de nous protéger. Il a pour réflexe de repérer tout ce qui est négatif. On a l’habitude d’utiliser des phrases négatives telles que « Ne marche pas sur la route ». C’est alors « marche » et « sur la route » que l’enfant entend. Il est plus efficace d’utiliser des phrases affirmatives et lui dire ce que l’on souhaite qu’il fasse : « Marche sur le trottoir ».

Les messages ou renforcements positifs sont les encouragements et les félicitations. Les messages négatifs sont les remarques, les reproches, le ton qui monte, tout ce qui montre que le parent est insatisfait ou déçu. Les messages positifs doivent être précis : ne pas se contenter de dire « C’est bien », mais détailler ce que l’enfant a bien fait.

Les messages positifs et l’autonomie nourrissent la confiance.

Si le jeune ou son parent sont trop tendus, il est préférable de commencer par se détendre, avec par exemple un livre comme « Calme et attentif comme une grenouille » (Voir les références en fin de résumé).

Il ne faut pas dramatiser ni parler à ses proches des difficultés scolaires de l’enfant devant lui, car cela aggraverait son anxiété et sa culpabilité. Un enfant travaille avant tout pour faire plaisir à ses parents. S’il voit qu’il les déçoit ou que ses parents s’inquiètent pour lui, cela va augmenter la pression qu’il se met et entraver sa pensée : il sera stressé, il n’aura pas accès à son néo-cortex et sera moins disponible pour réfléchir.

Lorsque l’enfant a une bonne note, ne pas lui dire : « Tu vois, quand tu veux, tu peux », mais chercher avec lui ce qu’il a fait cette fois-ci pour avoir une bonne note, comment il a fait pour réussir. Réfléchir avec lui aux causes de ses bonnes notes lui montre qu’il est acteur de sa réussite, qu’elle est dépendante de lui et qu’il peut faire en sorte de progresser.

Des études ont montré que ce qui favorise le bonheur est lié pour moitié à nos prédispositions génétiques, 10 % aux conditions de vie et 40 % à notre comportement. Autrement dit, un jeune est responsables de son bonheur à hauteur de 40 %, il peut faire quelque chose pour aller bien, pour aller mieux, y compris pour être disponible pour apprendre : il peut agir et changer (et améliorer sa réussite).

Un jeune doit avoir conscience que tout changement est possible et renforce ses câblages cérébraux, le rendant encore plus efficace. Il doit aussi savoir qu’il doit faire en sorte d’avoir des émotions positives pour être disponible. Pour cela, il doit s’aménager des moments de détente, prendre du bon temps, se relaxer en allant jouer dehors ou en se promenant, voir des amis. Attention, se détendre devant un écran ne repose pas le cerveau. On peut mettre en place le rituels des « trois bonnes choses que l’on a vécues dans la journée » à énumérer avant d’aller se coucher afin que la mémoire stocke ces bonnes choses et que l’on se réveille en se sentant plus heureux.

L’enfant a besoin d’entendre des messages positifs pour limiter l’impact des messages négatifs automatiques (« Je ne vais pas y arriver »). Les neurosciences ont montré qu’on peut ne plus être capable de faire quelque chose si on est persuadé que ce n’est pas à notre portée. Quand on pense qu’on ne va pas y arriver, nos neurones ne s’activent pas. C’est ce qui est appelé « L’impuissance apprise ». C’est illustré dans cette vidéo : Cliquer ICI.

 

Pour apprendre, il faut être acteur. Si le jeune ne fait qu’écouter, il ne retient que 5 % de ce qu’il a entendu. À peine plus s’il lit : 10 %. S’il montre ce qu’il a entendu ou qu’il l’explique aux autres, il est beaucoup plus efficace. Le cône d’apprentissage d’Edgar Dale retient à peu près les mêmes valeurs :

 Cone d apprentissage d edgar dale

On retient mieux ce qui est écrit à la main qu’à l’ordinateur, sauf si c’est trop coûteux (en cas de dyslexie, dysgraphie ou dyspraxie) de même qu’on retient mieux ce qu’on lit sur du papier que sur un écran.

Il faut que le cerveau soit actif pour retenir les informations. Il faut un minimum de motivation pour être disponible, pour être prêt à retenir. Il faut aussi se projeter et savoir à quoi cela va servir de retenir ces informations.

Pour être prêt à se mettre au travail, l’enfant doit avoir le choix. Il ne faut pas lui dire : « Tu t’y mets tout de suite », car il aura du mal à se motiver. Il doit choisir l’horaire. Le travail du parent consiste seulement à lui rappeler quelques minutes auparavant que ça va être le moment de s’y mettre. Il est essentiel qu’un jeune soit prêt et motivé pour se mettre au travail, car s’il « n’est pas là », il « n’imprime » pas, il ne réussit pas, il perd confiance en lui et se démotive encore plus.

Daniel Favre a écrit un livre sur la motivation (Voir références à la fin du résumé). Il conseille de passer du « je » au « tu » : ne plus dire « Je suis fière de toi », mais : « Tu peux être fier de toi ».

Tout comme un sportif a besoin de s’échauffer, un élève a besoin de se stimuler avant de se mettre au travail ou, en tout cas, d’éviter de se ramollir le cerveau en regardant la télé avant de faire ses devoirs, éviter d’être stressé ou de saturer. Il doit se mettre en condition : en sortant prendre l’air, en faisant des pauses ou des exercices de respiration. Il est possible d’installer sur un smartphone une application de cohérence cardiaque afin de faciliter les exercices de respiration. Tout cela permet de doper l’attention.

 

4. Favoriser la compréhension et la mémorisation :

Apprendre requiert de l’attention. Ce n’est pas parce que l’on voit quelque chose qu’on le retient. Par exemple, il ne nous est pas toujours possible de dire à quoi ressemble le logo d’une marque que l’on connait pourtant bien. On le voit fréquemment, mais on ne le retient pas. Il faut être attentif et vouloir se souvenir et, pour cela, il faut que l’apprentissage ait un sens, qu’on sache à quoi il va servir. Il faut se mettre en projet de le retenir et de le réutiliser.

Après avoir fait les devoirs, c’est important de demander au jeune de dire ce qu’il a compris et retenu. Cela permet de faire exister sa leçon dans sa tête (C’est ce que la gestion mentale appelle : « évoquer »), de se l’approprier et de commencer à la retenir. Evoquer, c’est faire exister pour soi, même si l’information disparaît de la vue.

Pour apprendre et mémoriser, il faut comprendre. Il faut que la leçon ou la notion représente quelque chose. Se contenter d’apprendre par cœur sans comprendre n’est pas efficace.

Si l’enfant récite ou apprend sa leçon en faisant les cent pas ou en s’agitant, il ne faut pas l’en empêcher. Au moins jusqu’à 15 ans, son intelligence sensori-motrice est bien développée et le mouvement favorise les apprentissages. Le cerveau a besoin de mouvements.

Pas de compréhension sans attention. Il faut entraîner ses sens, prendre l’habitude de bien regarder, de bien écouter… Il faut aussi être prêt à recevoir, comme lorsque l’on nous lance une balle : si on se prépare à la rattraper, on a beaucoup plus de chances d’y parvenir.

Il faut mettre ses sens en action et décider d’être attentif. Pour cela, il faut un but. Pour mettre dans sa tête, il faut le décider. Pour stimuler l’attention, il faut mobiliser les yeux, les mains, les oreilles : au moment des devoirs, il est préférable que le parent ne se contente pas de parler. Il vaut mieux qu’il parle peu et qu’il montre des schémas, qu’il surligne ce qui est important dans le texte, qu’il pose des questions, qu’il utilise des cartes de questions (avec d’un côté la question et de l’autre la réponse). Tout cela mobilise d’autres sens que la seule audition et permet d’être plus attentif et plus efficace pour comprendre et mémoriser.

Comprendre, c’est traduire pour soi les informations, en comparant avec ce que l’on sait déjà. Si on doit expliquer quelque chose à son enfant, il faut que ce soit bien clair pour nous au risque de l’embrouiller. Commencer par lui demander ce qu’il sait afin de coller à sa façon de comprendre.

Il faut conseiller aux enfants de prendre l’habitude de se parler, de se dire ce qu’ils font, ce qu’ils comprennent, de se poser des questions à voix haute ou dans leur tête. Parler à voix haute les aide à structurer leur pensée, empêche de penser à autre chose et développe leur petite voix intérieure. Ils peuvent aussi chanter la leçon, car cela fait appel à une zone du cerveau qui traite efficacement la musicalité.

Pas de compréhension durable sans mémorisation. Après avoir lu une leçon, il est bénéfique de la résumer dans sa tête, de repenser à ce qu’on a lu.

Mémoriser, c’est faire trois choses : mettre dans sa tête (ce qu’on appelle « encoder »), réactiver (réviser) et utiliser, trouver l’information dans sa mémoire à long terme quand on en a besoin (c’est ce qu’on appelle la « récupération »).

Parler à voix haute, bouger, marcher favorisent la mémorisation. Il est également primordial de réactiver plusieurs fois sur plusieurs jours, ou plutôt plusieurs nuits, car c’est pendant la nuit que la mémorisation en mémoire à long terme a lieu : durant le sommeil, il s’opère un tri entre ce qu’il faut garder et ce qu’il faut oublier. Si une information a été revue, si on l’a répétée dans sa tête, si on a le projet de la réutiliser, le cerveau sait qu’il ne doit pas l’éliminer au moment du tri ; on la retient beaucoup plus sûrement. La récupération est également plus facile si l’enfant n’est pas stressé et s’il s’est mis en projet de réutiliser l’information.

 

Il existe des techniques qui favorisent la mémorisation :

* Les moyens mnémotechniques.

* La méthode CQQCOQP : se poser des questions sur la leçon à retenir avec les questions suivantes : Comment, Qui, Quoi, Combien, Où, Quand et Pourquoi.

* Les cartes mentales.

* Les cartes mémoire qui doivent comporter quelques mots, des questions et un exemple. Elles peuvent être de couleur différente pour pouvoir être classées. Elles servent à réviser en jouant. Chaque jour, l’enfant essaye de répondre aux questions de quelques cartes. S’il y arrive, il met la carte derrière le tas et la retrouvera dans plusieurs jours ou semaines. S’il ne sait pas répondre, il regarde la réponse et range la carte derrière quelques cartes seulement afin qu’elle « revienne » très prochainement. Un site internet propose des applications payantes pour réviser les langues sur le même principe : Mosalingua.

* Pour mémoriser une carte géographique, la découper en sept parties et apprendre chaque partie séparément en tournant dans le sens des aiguilles d’une montre. Décomposer le cours en sept sous-chapitres qui contiennent chacun sept notions. Sept est la quantité maximale d’informations que l’on peut garder ensemble en mémoire.

 

5. Les facteurs de la réussite :

Il ne faut pas faire à la place des enfants ou des adolescents. Ils veulent souvent aller trop vite, ce n’est pas une bonne chose. Il faut aussi que les parents acceptent d’attendre et leur laissent le temps de chercher, même s’ils répondent spontanément qu’ils ne savent pas. Il faut leur donner l’habitude de chercher. Ils ne doivent pas aller droit au but, ils doivent prendre conscience de leur démarche. Pour cela, ils doivent se demander ce qu’on leur demande, ce qu’ils savent qui pourrait les aider et comment ils vont s’y prendre.

Il ne faut pas leur expliquer ce qu’ils doivent faire, il faut leur laisser le temps de lire et comprendre la consigne.

S’ils posent une question, leur donner une réponse succincte et non pas leur réexpliquer tout le cours, ce qui les dissuaderait de poser d’autres questions à l’avenir.

Il faut les laisser se tromper. L’erreur est bénéfique et c’est par elle qu’on apprend. Ce qui compte, ce n’est pas le résultat, mais le chemin. Les parents ne doivent pas intervenir et montrer l’erreur. Si c’est trop difficile de ne rien dire, il vaut alors mieux s’éloigner temporairement pendant que l’enfant fait ses devoirs. Ensuite, voir avec lui quelle est son erreur, dans quel piège il est tombé et réaliser des « fiches-alerte » pour se souvenir de ne plus faire cette erreur.

Les informations entrent par les sens. Pour arriver à l’abstraction, il faut faire manipuler suffisamment (avec des légos, en mathématiques, par exemple). Si l’enfant ne comprend pas quelque chose, si ça bloque, repasser par la manipulation, le concret.

Ne pas se contenter de demander au jeune s’il a compris, lui faire dire et expliquer ce qu’il a compris. Au lieu de lui faire faire de nombreux exercices, lui demander d’expliciter ce qu’il a à faire : « Demain, si tu dois refaire ce même exercice, comment tu vas faire ? ». Là encore, on s’intéresse à la démarche et non pas seulement au résultat.

Renforcer l’inhibition de l’enfant, lui donner l’habitude de ne pas répondre ce qui lui vient spontanément à l’esprit, mais vérifier que cette fois-ci, dans cet exercice-là, la réponse qui paraît évidente est bien adaptée. Parfois, il y a des variantes dans des exercices qui ressemblent pourtant à ceux qui ont été fait précédemment.

L’inciter à se parler à voix haute quand il réfléchit. Lui faire comprendre que la parole, c’est l’outil magique qui active le cerveau et empêche de penser à autre chose.

Le jeune doit apprendre à gérer son temps. Lorsqu’il fait ses devoirs, il doit savoir combien de temps il doit travailler, ce qui est plus motivant que s’il ne sait pas quand son temps de travail va s’arrêter. Pour cela, on peut lui fixer une limite sur la pendule ou utiliser un time-timer (que l’on achète sur internet ou que l’on fabrique soi-même).

Le prévenir quelques minutes avant le moment où il va se mettre au travail pour qu’il se prépare à cette idée.

Faire des pauses régulières. Le laisser intégrer les informations et l’interroger plus tard, car le cerveau nous impose deux contraintes : les réactivations doivent être espacées et séparées par des temps de sommeil.

Utiliser des techniques. Ne pas encombrer inutilement la tête des enfants. Par exemple, s’ils doivent retenir l’orthographe d’un mot, leur demander de le décomposer en syllabes et chercher à retenir uniquement la ou les syllabes qui leur posent problème. Ne travailler que cette syllabe, l’écrire en couleur pour la distinguer. S’appuyer sur « l’orthographe illustrée » (PDF gratuit) : Cliquer ICI.

Faire des tableaux, pour la conjugaison par exemple ou les tables de multiplication, faire des étiquettes, des jeux...

Enrichir l’expression écrite en s’appuyant sur les sens : détailler ce qui a été vu, entendu, ressenti, senti…

 

7. Bibliographie :

Catherine GROS conseille les livres suivants :

* Daniel FAVRE « Cessons de démotiver les élèves » : Cliquer ICI.

* Antoine de la GARANDERIE « Réussir, ça s’apprend » : Cliquer ICI.

* Antoine de la GARANDERIE « Tous les enfants peuvent réussir » : Cliquer ICI.

* Catherine GUEGUEN « Pour une enfance heureuse » : Cliquer ICI.

* Elisabeth NUYTS « Dyslexie, Dyscalculie, Dysorthographie, Troubles de la mémoire : Préventions et remèdes » : Cliquer ICI.

* Elisabeth NUYTS « L'école des illusionnistes » : Cliquer ICI.

* Eline SNEL « Calme et attentif comme une grenouille » : Cliquer ICI.

* Guy SONNOIS « Accompagner le travail des adolescents par la pédagogie des gestes mentaux » : Cliquer ICI.

* Pascal TOSCANI « Apprendre avec les neurosciences » : Cliquer ICI.

      

Conférence d'Olivier REVOL, le 3 mars 2017

   

S’épanouir à l’école, une idée folle ?!

 

Olivier Revol est pédopsychiatre à l’hôpital neurologique de Lyon depuis trente ans. Il y dirige le centre référent des troubles des apprentissages. En 1995, il prend conscience que la France est très en retard dans la compréhension et la prise en charge des troubles des apprentissages. Il part se former deux ans au Canada et revient en France mettre en œuvre ce qu’il a appris.

 

Que faut-il pour s’épanouir à l’école ?

La plupart des enfants diraient que ce sont les copains. Mais d’autres conditions sont indispensables à leur épanouissement. Il faut :

* Réussir des choses.

* Avoir des enseignants bienveillants. En France, on fait trop de reproches. Il faudrait faire davantage de compliments.

* Avoir des parents rassurés, donc rassurants.

* Une pression mesurée. Attention, un adolescent résiste là où l’on insiste. Si la famille met trop de pression au sujet des devoirs, l’adolescent les fera encore moins. Il vaut toujours mieux passer la main, par exemple à un étudiant deux à trois ans plus âgé qui l’aidera à travailler.

* Un rythme adapté. Les recherches ont montré que les capacités de concentration sont très basses entre 8 h et 9 h du matin. C’est une aberration de faire commencer la classe avant 9 h. Les capacités attentionnelles sont au plus haut vers 11 h et 16 h30, précisément au moment où les cours s’arrêtent. Elles sont au plus bas vers 14 h, quand les cours reprennent.

 

 Que faut-il pour réussir à l’école ?

Il faut des compétences, innées ou acquises, la motivation individuelle et un entourage qui supporte, qui encourage, qui apporte l’aide nécessaire.

 

Il y a trois causes possibles de difficultés scolaires :

* Instrumentales : un manque de moyens intellectuels, un trouble autistique, un problème de langage, un trouble sensoriel (audition, vision)… Le premier interlocuteur en cas de difficultés scolaires doit être le médecin de famille qui pourra écarter ces causes.

* Psychologiques : les moyens sont bons, mais ne peuvent pas être utilisés correctement parce que l’enfant subit trop de stress, il est démotivé, préoccupé, angoissé, dépressif… Il n’a pas assez d’espace psychique disponible pour apprendre. Attention, lorsque les résultats scolaires d’un enfant qui souffre d’un trouble « dys » s’effondrent tout d’un coup, il faut rechercher une cause psychologique, car les difficultés existent depuis toujours et il n’y a pas de raison que l’élève décroche d’un coup.

* Environnementales : les reproches, le rapport avec l’enseignant ou les parents au moment des devoirs…

 

Ces dernières années, la phobie scolaire explose. Elle touche 1 % des enfants en France. C’est indispensable que l’enfant trouve du plaisir à aller à l’école et ait envie d’apprendre. Il faut faire en sorte que cela soit le cas.

 

Les troubles « dys » :

Les filles internalisent leurs difficultés (troubles dys) et leurs différences (précocité), ce qui retarde les diagnostics. La précocité intellectuelle retarde aussi la pose de diagnostics de troubles des apprentissages, car elle permet de les masquer en partie. Parfois, les parents ou les enseignants remarquent que l’élève ne réussit pas comme son intelligence apparente pourrait le laisser espérer, mais ils ne comprennent pas pourquoi ni ne soupçonnent un trouble « dys ». Un père disait par exemple en parlant de son fils : « Il ne capitalise pas ».

Le pire pour ces enfants est de se voir reprocher leur handicap. Ils ne peuvent pas écrire mieux et on le leur reproche. Ils ne peuvent pas s’empêcher de bouger et on leur demande de rester calmes, de faire des efforts… Quant aux remarques sur les cahiers et les bulletins… Rien qui n’aide l’enfant à se motiver et reprendre confiance en lui.

Ce manque de bienveillance aboutit à du découragement et à une dégradation importante de l’estime de soi. C’est ce que l’on peut appeler l’effet « domino dys » : les difficultés scolaires entraînent des problèmes relationnels avec l’enseignant, puis une mauvaise ambiance familiale, puis une baisse de l’estime de soi, le découragement, la démotivation. Il n’y a pas d’enfants fainéants. Tous, au départ, ont le désir de réussir et d’avoir de bonnes notes, mais lorsque la scolarisation n’est pas adaptée et qu’ils ne sont pas encouragés, ils se démotivent.

L’égalité des chances à l’école, ce n’est pas demander la même chose à tous, mais demander ce qui est possible en fonction des capacités de chacun, avec des aides si besoin : des aménagements et la présence d’un tuteur pour aider et rassurer. Exemple d’aménagement : ne jamais faire lire un élève dyslexique à voix haute devant les autres.

Certains enfants sont en délicatesse avec l’école et demandent, parfois maladroitement, quelques arrangements. C’est le cas de ceux qui refusent de travailler, qui s’agitent, qui deviennent récalcitrants, agressifs… Il faut entendre derrière leur comportement inadapté, leur souffrance et leur besoin d’être compris et aidés.

Lorsqu’un diagnostic est posé et les aménagements mis en place, il faut faire passer les informations aux nouveaux enseignants lors des changements de classe. Les parents d’enfants « dys » trouvent pesant et pénible de devoir tout réexpliquer à chaque rentrée scolaire.

Attention à ne pas confondre les diagnostics : un enfant dysorthographique complexifie les mots. Un enfant qui fait beaucoup de fautes d’orthographe, mais qui peut les trouver et les corriger si on le lui demande n’est sans doute pas dysorthographique, il a plutôt un problème d’attention.

Un trouble d’apprentissage ou trouble « dys » est un trouble durable chez un enfant d’intelligence normale qui n’a pas de trouble sensoriel, psychologique ou autre qui pourrait expliquer ses difficultés. La cause est un mauvais fonctionnement d’une zone du cerveau, différente selon le trouble. Pour parler de ces enfants, on dit qu’ils sont à « besoins éducatifs particuliers ». Il existe des formations pour apprendre à connaître et prendre en charge les troubles « dys » pour les médecins ou les enseignants. Il est possible également de préparer, dans certaines universités, un DU (diplôme universitaire) de neuropsychologie des troubles des apprentissages.

La dysphasie empêche de parler facilement et touche 1 % des enfants. La dyslexie empêche de lire facilement et touche 5 à 8 % des enfants. La dyspraxie gêne la coordination des gestes et touche 5 % des enfants.

 

La dyslexie est un trouble neurologique d’origine génétique, causé par un dysfonctionnement dans l’hémisphère gauche. Sept garçons en sont atteints pour une seule fille.

La dyslexie est plus ou moins fréquente selon les pays, car les langues sont plus ou moins faciles à lire et orthographier :

L’italien est une langue dite « transparente » qui compte 33 graphèmes (façons d’écrire un son) pour 25 phonèmes (sons). Autrement dit, presque tous les phonèmes n’ont qu’une seule façon de se lire et de s’écrire. Il y a seulement 3 % de dyslexiques en Italie.

Le français est plus compliqué, c’est une langue plus « opaque ». Il y a 190 graphèmes pour coder 35 phonèmes. Par exemple, le son O peut aussi s’écrire « au » et « eau ». Deux mots peuvent se lire différemment en fonction du contexte, par exemple dans la phrase : « Les poules du couvent couvent ». Il y a au moins 5 % de dyslexiques en France.

L’anglais est une langue très opaque et donc très difficile à lire et écrire pour les dyslexiques. Pas moins de 1120 graphèmes permettent d’écrire 40 phonèmes. On peut trouver deux prononciations différentes pour la même lettre, au sein d’un même mot : MIAMI se dit « Mayami ». Il y a 7 % de dyslexiques dans les pays anglophones.

Il est important de ne pas ôter de points sur les copies pour sanctionner les fautes d’orthographe. On peut demander des aménagements, notamment pour la passation des examens : ordinateur, secrétaire, temps supplémentaire, suppression de la seconde langue afin d’éviter d’être évalué en anglais.

 

La dyspraxie est causée par un dysfonctionnement dans l’hémisphère droit. Elle est aussi appelée TAC, trouble de l’acquisition de la coordination. Elle se manifeste par des difficultés dans l’habillage, le dessin, le découpage, l’écriture, le sport, les gestes nécessaires durant le repas, les jeux de construction, le bricolage. Dans les cas sévères, elle peut aussi toucher l’élocution et la locomotion.

 

L’hyperactivité est un symptôme dont les causes peuvent être diverses : TDAH, mais aussi précocité intellectuelle, trouble oppositionnel, multiplex (trouble du développement), trouble anxieux, troubles des apprentissages…

Le TDAH, trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité, est un trouble neurologique causé par un dysfonctionnement du cortex frontal. Il touche 5 % des enfants. Afin de différencier un TDAH d’un problème d’attention qui ne serait pas d’origine neurologique, un bilan neuropsychologique est nécessaire avec, notamment, l’utilisation de l’échelle de Conners. C’est un questionnaire qui doit être rempli par chaque parent et par l’enseignant. Si les signes d’hyperactivité sont suffisamment nombreux sur chaque questionnaire, cela peut être un TDAH. Si l’enfant est agité avec certaines personnes, mais calme et attentif dans d’autres contextes, ce n’est pas un TDAH. Il faut aussi éliminer toutes les autres causes possibles : déficit sensoriel, problème psychologique…

Un adulte hyperactif procrastine et évite les tâches répétitives, jusqu’à s’imposer des tâches inutiles pour justifier de ne pas faire ce qu’il n’a pas envie de faire.

L’enfant hyperactif court, grimpe, s’agite, ne reste pas assis, ne joue pas en silence, ne se concentre que quelques secondes, perd ses affaires, ne range pas sa chambre, car se disperse en le faisant, coupe la parole, ne termine pas ce qu’il entreprend…

Le traitement par Méthylphénidate est utilisé sans problème aux Etats-Unis depuis 1960. Il est vendu en France sous plusieurs appellations : Ritaline, Ritaline LP (à libération prolongée), Concerta LP, Quazym LP et Medikinet LP.

En cas de doute, il faut l’essayer, car on voit très rapidement s’il fait effet, c’est-à-dire si le trouble est d’origine neurologique et peut répondre à ce traitement. En quelques jours, voire quelques heures, le traitement agit, parfois de façon spectaculaire. L’enfant ne prend pas le traitement le week-end ni pendant les vacances et ne ressent pas de manque. Contrairement à certains psychotropes, le Méthylphénidate n’induit pas d’effet de dépendance. Des études ont même montré que les hyperactifs traités par Méthylphénidate durant l’enfance ou l’adolescence ont beaucoup moins de risques de devenir toxicomanes à l’âge adulte que ceux qui n’ont pas été traités. Il y a peu d’effets secondaires, mais le Méthylphénidate est connu pour diminuer l’appétit et aggraver l’anxiété (car il augmente la vigilance).

Ce traitement ne peut être délivré qu’en milieu hospitalier, par un pédiatre, un neurologue ou un psychiatre. Il doit être proposé en cas de souffrances sur le plan social (On n’invite pas l’enfant aux anniversaires ou on le rejète), sur le plan familial (Ses parents ne le supportent plus) ou scolaire (Ses résultats sont beaucoup trop faibles par rapport à son intelligence). Sinon, il faut essayer d’autres prises en charge avant d’envisager le traitement. On peut, par exemple, proposer à l’enfant de faire des pauses (une minute par année d’âge, soit 6 minutes à 6 ans). Il va seul dans sa chambre et ça apaise ses parents et lui-même.

Enseigner aussi à l’enfant hyperactif à ne pas répondre impulsivement, mais à respecter trois étapes : 1, stop, je m’arrête. 2, je réfléchis. 3, j’agis, je réponds. Il faut leur apprendre à automatiser ce cheminement, à prendre l’habitude de ne pas répondre ou faire les choses sans prendre le temps de réfléchir.

Il existe (par exemple à Annemasse) des groupes de parents pour leur apprendre à gérer leur enfant hyperactif. Ces groupes de soutien s’appuient sur la méthode Barkley.

Le professeur Revol conseille le livre de la neuropsychologue canadienne Francine Lussier : «100 idées pour mieux gérer les troubles de l'attention » : Cliquer ICI.

Sans oublier celui d'Olivier REVOL « On se calme » : Cliquer ICI.

 

Enfin, il préconise de faire déjeuner l’enfant le matin, car le cerveau fonctionne grâce aux glucides. Si l’enfant part à l’école à jeun, il ne peut pas être performant au niveau cognitif et cela aggrave ses éventuels troubles. Il faut éviter le sucre rapide qui se transforme en réserves de graisse et qui n’est pas récupérable par le cerveau pour améliorer les ressources attentionnelles. Il faut privilégier les glucides lents tels que le pain, les céréales…

 

Quelle est l’école idéale ?

C’est celle du quartier ou du village de l’enfant. L’enfant « dys » ne peut pas s’adapter à ce qu’on attend de lui et ce n’est pas non plus une bonne solution de chercher à tout prix une école qui lui serait adaptée. Il faut que chaque école s’adapte à l’enfant grâce à des aménagements pédagogiques. Il faut aussi que l’enseignant ait un regard bienveillant, c’est même capital.

Les troubles « dys » sont considérés comme des handicaps et les parents sont parfois surpris de devoir adresser leurs demandes (d’ordinateur par exemple) à la maison du handicap (MDPH). Il faut changer de regard sur le handicap et voir qu’il y a des forces derrière les difficultés. Etymologiquement, le mot vient de « hand in cap » (la main dans le chapeau). Dans les courses hippiques, certains jockeys avaient une pénalité pour être au même niveau que les autres et rendre la compétition plus équitable, par exemple si leur cheval avait plus de chances de gagner : ils devaient tenir les rênes uniquement avec une main et tenir leur chapeau avec l’autre. Les élèves dyslexiques ont, par exemple, de grandes capacités de travail et le sens de l’effort, à condition qu’on ne les ait pas découragés.

 

En conclusion, s’épanouir à l’école est possible à quelques conditions :

* Qu’il y ait une approche globale de l’enfant : le connaître dans sa globalité et ne pas voir que ses difficultés.

* Une démarche diagnostique rigoureuse : tout faire pour comprendre la cause de ses difficultés.

* Restituer l’envie d’apprendre par un regard bienveillant et une pédagogie adaptée.

Il faut agir le plus tôt possible, repérer les difficultés, poser les bons diagnostics et prendre les mesures nécessaires, car : « Il est plus facile de faire un enfant solide que de réparer un adulte brisé ».

    

Conférence d'Hélène CATROUX, le 11 octobre 2016

 

Réussir, ça s’apprend

 

Hélène Catroux est psychopédagogue à Paris et co-auteur, avec Arielle Adda, du livre « L’enfant doué, l’intelligence réconciliée ». Elle a été enseignante et travaille depuis plus de quarante ans sur les façons d’apprendre. Dans son cabinet parisien, elle accompagne des élèves en difficulté scolaire, malgré, souvent, un haut potentiel.

Elle les aide à reprendre confiance en eux grâce à la gestion mentale. Elle a travaillé pendant trente ans avec Antoine de la Garanderie qui en a été l’initiateur.

En effet, Antoine de la Garanderie était pédagogue et a cherché à comprendre ce qui se passe mentalement lorsque l’on apprend (Voir son livre « Réussir, ça s’apprend »). Il a mis au point des méthodes qui permettent de faciliter l’apprentissage et remotiver.

 

Tous les enfants peuvent réussir :

Tous les enfants ont des ressources, mais ils ne savent pas forcément les utiliser.

Apprendre, c’est créer de nouvelles connexions entre les neurones. Les neurosciences nous apprennent qu’il est possible de reprogrammer le cerveau pour créer de nouvelles connexions et mieux utiliser ses compétences.

Même avec des difficultés, s’il est bien accompagné et qu’il sait utiliser son intelligence, tout enfant peut réussir. Il est important de montrer à l’enfant qu’il a des compétences, être positif et lui redonner confiance en lui. Sans confiance, pas de motivation.

Pour aider l’enfant à prendre conscience de ses ressources, il ne faut pas lui dire comment il doit faire, mais lui montrer qu’il peut le trouver lui-même, en lui posant les bonnes questions.

Il ne faut pas lui demander : « Qu’est-ce que tu n’as pas compris ? », car cela bloque ses circuits de pensée et il ne peut alors pas découvrir pourquoi il est en difficulté. Il faut lui demander : « Qu’as-tu compris ? » afin qu’il prenne conscience qu’il a tout de même compris quelque chose.

 

Comment faciliter l’apprentissage ?

* Se préparer à apprendre, se rendre disponible en mettant de côté ce qui risque de distraire (soucis, bruits, téléphone…) et surtout, se mettre en projet : il est plus facile et efficace de mémoriser des notions si on se met en projet d’en faire quelque chose, si cet apprentissage à du sens, si on sait ce qu’on va en faire, si on prévoit les questions que l’on risque de trouver dans le prochain contrôle.

Se mettre en projet, c’est se programmer pour que nos circuits nous obéissent. Les neuropsychologues ont découvert qu’une onde se déclenche dans le cerveau lorsque l’on se met en projet.

On peut se programmer pour mémoriser. Par exemple, on retient moins ce qu’on lit si on lit pour le plaisir que si on lit un livre professionnel en envisageant de se servir des informations ou d’en parler à quelqu’un. Apprendre doit servir à quelque chose et avoir un sens. On ne peut pas faire d’effort sans bénéfice.

Antoine de la Garanderie disait, en parlant du projet de réutiliser une information : « L’acte de mémoriser, c’est lancer dans l’imaginaire de l’avenir ce que l’on veut y trouver ».

On peut se programmer pour être attentif en agissant sur le contexte : éloigner tout ce qui pourrait distraire, lâcher prise et ne pas se stresser en mettant la barre trop haut. Se donner le droit à l’erreur.

 

* Évoquer : se créer diverses représentations mentales afin de rendre l’information plus présente mentalement et de multiplier les chances de la retrouver : si on ne retrouve pas le mot, on retrouvera peut-être l’image. Évoquer, c’est se représenter ce qu’on voit sous forme de mots que l’on entend dans notre tête, c’est se parler, c’est chercher à quoi ça nous fait penser, faire des liens avec ce que l’on sait déjà, imaginer ce qu’on va faire de cette information, la traduire sous forme de sensation ou de mouvement : s’imaginer que l’on ressent quelque chose en rapport avec ce mot, s’imaginer en train de l’écrire.

Nous avons une façon préférentielle de nous représenter les informations : certaines personnes traduisent plutôt en images visuelles, d’autres en images sonores, d’autres ont besoin de se représenter un mouvement, de bouger, de manipuler ou de faire des dessins. Si l’on empêche un enfant de bouger lorsqu’il travaille, on risque de bloquer ses circuits et de l’empêcher de réfléchir et mémoriser. En classe, il faut permettre une certaine agitation si elle reste discrète et ne gêne pas les autres.

Par exemple, il y a plusieurs façons de mémoriser un mot : le voir écrit dans sa tête, l’entendre ou le répéter mentalement, se voir en train de l’écrire, penser aux émotions qu’il nous évoque ou aux sensations qui peuvent y être associé : un contact, une odeur…

Il faut avoir conscience que l’on peut contrôler notre pensée. Par exemple, si l’on a surtout gardé le souvenir d’images visuelles après avoir vu un film, on peut retrouver aussi des sons de ce film, des émotions que l’on a ressenties en le regardant, se revoir en train de le regarder, revoir l’endroit où l’on se trouvait. De même qu’on peut agir sur nos souvenirs, on peut contrôler notre pensée pour mettre en place des stratégies. On peut transformer ce qu’on entend en images visuelles, ce qu’on voit en mots que l’on entend, en perception de mouvement, en sensation. Il faut repérer et utiliser ce qui est le plus efficace pour mieux mémoriser.

 

* Se rassurer : le système limbique, appelé aussi cerveau limbique ou cerveau émotionnel nous envoie des messages négatifs comme : « Je ne vais pas y arriver », « Je n’aurais jamais assez de temps », « C’est trop dur », « Je n’en suis pas capable ».

Il faut remplacer ces messages décourageants qui bloquent les circuits de pensée par des messages positifs. C’est aussi pour cette raison qu’il ne faut pas demander à un enfant ce qu’il n’a pas compris, mais ce qu’il a compris. Il a compris quelque chose et il a le droit d’avoir compris ce qu’il a compris. S’il en a conscience, il pourra continuer à réfléchir et à écouter les explications pour comprendre ce qu’il n’a pas encore compris.

 

* S’entraîner : pour retenir une information, il faut l’utiliser. C’est pourquoi il faut s’entraîner, faire des exercices d’application variés et pas trop répétitifs.

 

* Trouver du sens : certains élèves ont besoin d’entendre les informations de façon théorique et apprendront mieux avec un professeur qui explique beaucoup. D’autres, au contraire, ont besoin d’appliquer, de mettre en pratique et seront moins à l’aise avec un professeur qui se contente de parler et qui propose trop peu d’exercices. D’autres encore ont besoin d’interactivité.

C’est important de laisser chercher, de donner le droit de prendre ce temps. On gagne parfois du temps alors qu’on pense en perdre. Si un élève trouve une solution par lui-même, il sera plus armé et plus confiant la prochaine fois qu’il devra résoudre un problème, car il saura qu’il en est capable, il en a fait l’expérience.

Pour retenir un cours, l’élève doit se mettre en projet de le comprendre et de le mémoriser pour le réutiliser, au moment où il l’entend et le copie en classe. Le soir à la maison, il ne doit pas relire son cours ou le répéter. Il réussira mieux à s’en souvenir s’il se demande ce qu’il a retenu et qu’il regarde ensuite dans son cahier ce qu’il ne sait pas encore. Plus le cerveau est actif et se pose des questions, plus il est efficace pour mémoriser.

Pour mémoriser le vocabulaire en langue étrangère, ne pas se contenter d’apprendre les mots par cœur, mais les utiliser : faire des phrases avec ces mots, répondre à des quiz sur des sites pédagogiques…

Apprendre par cœur est nécessaire pour créer des automatismes et gagner du temps pendant les contrôles. Il faut, en apprenant, imaginer les questions qui risquent d’être posées.

 

* Capitaliser l’expérience : se demander : « Qu’est-ce qui fait que ce contrôle a été réussi ? » Ça rassure sur les possibilités de réussir les prochaines fois.

Si, au contraire, le contrôle n’a pas été bien réussi, se donner le droit à l’erreur, mais faire en sorte qu’elle ne se reproduise plus. Chercher à comprendre ce qu’on a mal fait pour ne plus le faire : « Est-ce que j’ai eu peur de n’avoir pas assez de temps ? », « Est-ce que je n’ai pas bien développé ma pensée ? », « Est-ce que je ne me suis pas suffisamment entraîné ? ».

Pour bien réussir, les élèves doivent se donner le droit à l’erreur afin de ne pas être trop stressés et perdre en performance à cause de ce stress. Ils doivent faire comme si la personne qui va lire leur copie ne connaissait rien au sujet : il faut développer de façon à ce qu’elle comprenne bien. Il faut s’entraîner, même si ça prend du temps, ça permet ensuite de gagner du temps lors des contrôles, car tout paraît plus facile, donc peut être réalisé plus rapidement.

 

Comment accompagner nos enfants ?

Il faut faire confiance à nos enfants et leur donner le droit d’être ce qu’ils sont. « Deviens ce que tu es. » (Nietzsche).

« Si je veux réussir à accompagner un être vers un but précis, je dois le chercher là où il est et commencer là, justement là. » (Soeren Kierkegaard).

Respecter leurs façons de comprendre et chercher avec eux comment être plus efficaces en changeant de façon d’utiliser leurs processus mentaux, en changeant de stratégies. Pour cela, l’élève doit prendre de bonnes habitudes : avoir conscience de ses ressources et confiance en lui, se programmer et se mettre en projet.

Le parent doit être « chercheur avec » l’enfant : l’aider à trouver les solutions sans les lui donner, tout en le rassurant avec des phrases magiques :

« Quand tu ne comprends pas, qu’est-ce que tu comprends ? »

« Quand tu ne sais pas, qu’est-ce que tu sais ? ». En effet, il ne sait jamais « rien », il sait toujours quelque chose puisqu’il a assisté au cours, mais l’enfant n’en a pas forcément conscience.

« Qu’est-ce que tu as compris ? Tu as le droit de comprendre ce que tu comprends, mais dis-le moi et on fera une mise au point ». Détricoter ce qu’il a mal compris pour le corriger prend du temps, mais permet ensuite d’en gagner.

Si on veut qu’il soit plus précis dans ses explications : « C’est quoi pour toi ? » ou : « C’est comment ? » ou encore : « Que dirais-tu à quelqu’un qui ne sait rien là-dessus ? »

 

Questions des parents :

1. Un enfant se plaint de n’avoir pas eu assez de temps pour terminer son contrôle : lui demander de revivre la situation pour dire dans quel état d’esprit il était avant de le commencer : a-t-il trop stressé ? Cela aurait pu bloquer ses circuits et lui faire perdre du temps. Il doit se donner davantage le droit de se tromper. A-t-il perdu du temps à trop revérifier s’il avait laissé des erreurs, voire en a-t-il rajoutées à force de douter ? En prendre conscience lui permettra de se méfier à l’avenir de cette tendance à perdre en efficacité à cause du stress.

 

2. Un enfant dit que ça ne sert à rien, ce qu’il apprend : il faut trouver un moyen de le remotiver et, souvent, c’est en lui redonnant confiance en lui qu’il va retrouver la motivation. S’il pense qu’apprendre va lui permettre de bien réussir, il trouvera que ça sert à quelque chose. Beaucoup d’enfants qui ne veulent pas apprendre ont seulement peur de ne pas en être capables. Refuser de travailler est une façon de se protéger de cette peur de ne pas réussir.

Pour le rassurer, l’aider à trouver le codage dominant : « Stop, qu’est-ce que tu as dans la tête ? » (Des mots, des images, des sensations ?). Lui apprendre aussi à se parler dans sa tête lorsqu’il réfléchit, ça peut le rassurer et l’aider à trouver des solutions : se dire ce qu’il fait, ce qu’il cherche, ce qu’il sait déjà sur le sujet, comment il va faire, les questions qu’il se pose. Par exemple, après avoir lu la consigne : « Qu’est-ce qu’on me demande ? », « De quoi ai-je besoin ? ».

L’aider à chercher une meilleure façon d’apprendre, en commençant par les matières où il est en réussite.

Beaucoup d’enfants pensent qu’ils connaissent leur leçon parce qu’ils l’ont comprise. Ils sont ensuite déçus parce qu’ils ne peuvent pas la restituer ou l’utiliser au moment du contrôle et ont de mauvaises notes. Ils se découragent et en viennent à dire que ça ne sert à rien d’apprendre. Bien leur expliquer qu’il ne suffit pas de comprendre pour savoir, il faut réviser et s’entraîner, notamment en maths.

Un problème de mémoire peut être dû à plusieurs raisons :

* L’information a été mal stockée : l’enfant n’a pas passé assez de temps à se concentrer dessus.

* Elle est mal rangée et il ne sait plus où la retrouver. C’est pourquoi le fait de multiplier les codages offre plus de possibilités de la retrouver : si on ne retrouve pas spontanément le mot, on peut le retrouver en passant par l’image qui lui est associée.

* L’entraînement n’a pas été suffisant. Plus on s’entraîne, plus vite on retrouvera comment faire.

 

3. Les écrans sont-ils à éviter ? Les écrans stimulent différentes compétences et ne sont pas à éviter à tout prix, mais ils fatiguent les yeux et le cerveau et il vaut mieux trouver une autre activité pour se détendre en revenant de l’école. Le pire, ce sont les petits écrans de téléphone qui épuisent les yeux. Il faut trouver une activité qui désature les circuits mentaux et qui repose le cerveau. Le mieux est de sortir, de bouger, de faire du sport.

 

Hélène Catroux avait fait le déplacement depuis Paris pour donner cette conférence en Haute-Savoie. Nous avons eu la grande chance de pouvoir y assister. Elle est décédée depuis.

   

Conférence d'Emmanuelle PIQUET, le 10 mars 2016

   

Entre Autorité et Amour, comment se comporter avec nos adolescents ?

 

Emmanuelle Piquet propose des thérapies brèves et stratégiques, issues des principes de l’école de Palo Alto. Ces prises en charge consistent à apprendre aux gens à arrêter d’essayer de résoudre leurs problèmes en faisant ce qui ne fonctionne pas et, au contraire, à prendre « un tournant à 180 degrés ». Emmanuelle Piquet a d’ailleurs écrit un livre qui s’intitule « Faites votre 180° ».

Par exemple, un parent qui se désole du bazar dans la chambre de son enfant a tendance à répéter sans cesse la même chose. Ça ne marche pas.

 

Pourquoi faut-il qu’il y ait une autorité parentale ?

Etre heureux et se sentir vivant suppose d’avoir des désirs. Lorsqu’on n’a pas de désir, c’est la dépression. On risque de ne pas avoir de désir si on a tout, si on n’a pas de contrainte. Il n’y a pas de désir sans frustration et il n’y a pas de frustration sans règles.

Il faut donc des règles, mais celles-ci doivent évoluer en fonction de l’âge de l’enfant. Si la règle n’est plus adaptée à son âge, l’adolescent va la contourner, traîner avant d’obéir, mentir…

Etre autoritaire, c’est chercher à contrôler le comportement de l’enfant. Etre dans l’autorité, c’est poser les bonnes règles et donner un avis, sans chercher à l’imposer.

Il faut que les règles soient tenues. Si le parent cède, l’enfant et l’adolescent comprennent qu’en insistant, et surtout quand le parent est fatigué, il a toutes les chances de le voir céder. Il faut réfléchir à ce qu’on autorise et à ce qu’on interdit, puis s’y tenir. Il vaut mieux dire « oui » tout de suite, que commencer par dire « non » puis céder.

 

Exemples de situations où les tentatives d’autorités ne fonctionnent pas :

* Les devoirs :

Les parents essayent de faire faire les devoirs à leurs enfants ou adolescents par des tentatives autoritaires qui ne fonctionnent que rarement : ils incitent, encouragent, promettent une récompense ou une punition, font la morale, hurlent, profèrent des mots qu’ils regrettent ensuite puis culpabilisent. Tout ça ne marche pas et, pire, permet éventuellement à l’enfant d’utiliser la culpabilité du parent pour obtenir ce qu’il veut. Les enfants savent bien jouer sur la culpabilité des parents.

Le mieux est de dire à l’enfant qu’on ne lui parlera plus de ses devoirs, sauf si c’est lui qui en parle, qu’il a le choix de les faire ou non, mais qu’il devra en assumer les conséquences et que le parent sera toujours là pour lui s’il demande de l’aide, mais dans un créneau horaire limité et défini (Il doit préparer ses questions, car le parent ne fera que répondre, sans faire à sa place). Voire même lui redonner les codes « Pronote » pour ne plus surveiller son travail scolaire.

Au début, l’adolescent ne va rien faire, pour voir si vraiment le parent a changé de position et le tester. Mais il est important de tenir et lui laisser assumer les conséquences : punitions, mauvaises notes, risque de redoublement…

* Les connexions :

Tout d’abord, c’est une bonne chose que l’enfant aille sur internet, car il développe des compétences dont il aura besoin plus tard sans sa profession. Les jeunes sont beaucoup plus à l’aise que nous dans l’utilisation de l’informatique et c’est une bonne chose.

Vouloir empêcher les jeunes de se connecter est voué à l’échec et provoque des conflits. Il vaut mieux dire : « Tu sais ce que j’en pense et je souhaite qu’il y ait des limites, mais c’est toi qui gère le temps que tu passes sur internet. Tu en assumeras les conséquences, quitte à redoubler ». L’adolescent ne se connectera plus pour embêter ses parents, mais seulement parce qu’il en a envie.  

Dire : « J’ai peur que tu passes trop de temps sur l’ordinateur et que tu te coupes du monde, que tu échoues tes études, que tu fasses des mauvaises rencontres…mais si je te harcèle avec ça, n’hésite pas à me rappeler à l’ordre. Je souhaite te laisser gérer ça et je ne veux plus chercher à contrôler, mais il est possible que j’ai des rechutes ».

* Les sorties et les substances illicites :

Il faut les laisser faire l’apprentissage de la liberté. S’ils ne le font pas à 16 ans, ils le feront plus tard et peut-être de façon plus dangereuse, s’ils attendent trop longtemps pour être libres.

Il faut leur parler des risques et surtout leur dire qu’il y a des mauvais joints (que l’on prend pour ne plus penser, échapper à une vie qu’on trouve nulle, pour ne pas déprimer) et les joints moins mauvais (pour s’amuser, se détendre lors d’une soirée). Ensuite, ne pas les harceler, car, de toute façon, on ne peut pas les empêcher de faire ce qu’ils veulent. Le risque est de briser le lien et de créer des conflits. Inciter à chercher une autre forme d’aide en cas de « mauvais joints », mais lui laisser faire ses choix.

* Le rangement de la chambre :

Ne plus s’énerver, ni faire de reproches, mais laisser l’adolescent assumer les conséquences de son bazar : ne plus faire le ménage de sa chambre, ne plus l’aider à retrouver ce qu’il y a perdu, ne plus s’occuper de son linge s’il le laisse traîner n’importe comment dans sa chambre : lui montrer comment fonctionne la machine à laver et le laisser se débrouiller. Au début, il ne croira pas que le parent ne va plus s’occuper de son linge, jusqu’au jour où il n’aura plus rien de propre à se mettre.

S’il laisse du désordre et des cochonneries dans d’autres pièces de la maison, aller faire de même dans sa chambre : parsemer son lit de miettes, poser ses baskets sales sur son oreiller, lui dire par exemple : « J’ai mis le sèche-linge dans ta chambre, parce que ça fait moche dans la salle de bain et comme toi, tu t’en fiches que ta chambre soit moche, alors c’est moins gênant qu’il soit dans ta chambre ».

 

Faire confiance :

Dire à son enfant : « Je te fais confiance, mais montre-moi que j’ai raison de te faire confiance », ce n’est pas de la confiance, c’est du contrôle, c’est une façon de faire faire à l’enfant ce qu’on veut qu’il fasse.

Faire confiance, c’est accepter que l’enfant fasse ce qu’il pense être le meilleur pour lui, même si on pense le contraire, c’est accepter qu’il fasse ce qu’on pense être mauvais pour lui. Faire confiance est l’acte d’amour par excellence : « Tu sais mieux que moi ce qui est bon pour toi ».

Il faut lui laisser faire ses expériences et assumer les conséquences. Si cela n’arrive pas à 15-16 ans, ça arrivera plus tard. Il y aura un âge où l’enfant devra s’assumer et se prendre en charge. Si on ne lui fait pas confiance à 16 ans, il ne saura pas se débrouiller tout seul à 25 ans.

Quand on prend trop en charge son enfant, qu’on l’aide avant même qu’il l’ait demandé, qu’on fait à sa place, on lui envoie le message « Je t’aime », mais aussi le message « Tu n’es pas capable de faire seul, je suis obligée de t’aider » à penser à faire tes devoirs, à préparer tes affaires, à prendre ton sac de sport…

Si on veut que son enfant grandisse et se prenne en charge, il faut qu’il fasse des erreurs, qu’il en assume les conséquences. Par exemple, si un parent se démène pour ramener le sac de sport oublié à la maison, l’enfant n’apprendra pas à ne pas oublier ses affaires. Pour prendre confiance en soi, il faut tomber et se relever. Tout faire pour empêcher son enfant de tomber lui fait perdre confiance en lui. On doit chuter pour réussir.

Faire confiance ne signifie pas abandonner, mais responsabiliser. Si le parent abandonne, l’adolescent se démobilise. Si le parent responsabilise, accompagne à distance (« Si tu as besoin d’aide, tu me demandes »), l’adolescent se mobilise.

    

Conférence d'Olivier REVOL, le 22 novembre 2015

  

Vidéo d'une conférence d'Olivier REVOL sur l'enfance des surdoués : Cliquer ICI.

   

Conférence de Christiane DURAND, le 15 octobre 2015

 

Comment motiver nos enfants au travail et les accompagner ?

 

1.  Le contexte :

La situation est paradoxale : le temps passé à faire des études n’a jamais été aussi long (jusqu’à souvent 22 ou 25 ans), mais on veut aller toujours plus vite. Les parents et les enseignants s’inquiètent si l’enfant ne sait pas lire au milieu du CP. A la moindre difficulté, on demande des bilans, on médicalise le problème. Il faut au contraire comprendre que chacun se développe à son rythme, qu’apprendre prend du temps et demande des répétitions. Laisser le temps à l’enfant.

Citation de Vaclav Havel « On ne tire pas sur une fleur pour la faire pousser ». On a tendance à vouloir faire grandir les enfants trop vite. C’est normal que des élèves de 6ème ou 5ème soient encore petits et peu autonomes.

Dans le passé, les évaluations étaient rares, une fois par trimestre et ça suffisait amplement. Ce qui comptait alors était que les connaissances et apprentissages se fassent sur le long terme. Aujourd’hui, il faut que tout soit rapide, efficace, évaluable immédiatement, rentable. Une connaissance doit être acquise aussitôt après l’avoir découverte. L’évaluation est fréquente.

On ne devrait pas évaluer si souvent, car on ne peut pas apprendre en une seule fois. Ça ne rentre pas du premier coup, que ce soit les apprentissages, les comportements et la maturité. Il est normal de se tromper, de faire des bêtises. C’est comme ça qu’on devient grand.

L’objectif de l’école et du collège, contrairement au lycée qui prépare à un diplôme, n’est pas d’atteindre un niveau de connaissances, mais d’apprendre à se comprendre et comprendre le monde.

La situation économique et le marché du travail sont démotivants : depuis tout jeune, l’enfant puis l’adolescent, entendent parler de chômage, de difficultés pour trouver du travail, de précarité… On a tendance à leur faire peur et à les démotiver. De même, éviter de leur présenter le CP, la 6ème, le lycée comme difficiles, au risque de leur faire peur.

Qu’est-ce que réussir ? Pour beaucoup de bons élèves, c’est avoir de bonnes notes. Ils font plaisir aux parents, aux enseignants en travaillant bien et en obtenant de bons résultats, mais n’ont pas de plaisir eux-mêmes à apprendre.

Beaucoup de jeunes ne savent plus ce qu’ils veulent faire et beaucoup devront essayer plusieurs filières avant de trouver la bonne. De plus en plus, les jeunes se réorientent une ou plusieurs fois après le bac. Seuls 25 % des bacheliers termineront leurs études en une seule orientation.

Ce n’est pas embêtant, car c’est normal d’hésiter, de tâtonner. Ce n’est pas se tromper que de tâtonner.

Les français doutent beaucoup d’eux, ont une mauvaise estime de soi. Evaluations scolaires qui mettent en avant les erreurs plutôt que les compétences et les réussites. On n’encourage pas assez nos élèves, verbalement, mais aussi dans la façon de les évaluer.

Les jeunes sont insécures, car l’éducation moderne essaye de leur éviter tout risque. On cherche trop à les protéger, ce qui ne leur permet pas de développer leur confiance en eux. On n’accepte pas qu’ils se trompent, ils n’apprennent pas à supporter la difficulté et l’échec. C’est formateur et bénéfique qu’une évaluation soit trop difficile de temps en temps, afin que même les bons élèves aient une mauvaise note. Il faut qu’ils apprennent à accepter de mauvais résultats quand ils sont petits, sinon ils risquent de s’effondrer dans les grandes classes (prépas, concours, grandes écoles) quand ils rencontreront les premières vraies difficultés et mauvaises notes.

La preuve que cette génération est insécure : ils passent leur temps à regarder s’ils ont reçu un message sur leur portable. Ils sont en permanence connectés, car ils ont besoin de vérifier qu’ils ne sont pas seuls, que quelqu’un peut leur répondre à tout moment, même la nuit. Peur de la solitude, insécurité affective.

 

2. Qu’est-ce qui les motive ?

Ce qui a du sens et qui va leur servir. Ils ont du mal à s’investir pour apprendre quelque chose dont ils ne voient pas à quoi ça pourrait leur servir. L’apprentissage n’est pas assez concret.

Le problème, dans ce système scolaire où tout doit aller vite, c’est qu’ils ne sont pas assez patients pour attendre que ça prenne sens. S’ils ne voient pas ce que ça peut leur apporter, ils lâchent. S’ils rencontrent des difficultés, ils lâchent. 70 % d’échec en fac la première année, même chez les élèves qui ont eu une mention au BAC.

La réforme du collège doit aller dans ce sens : renforcer l’interdisciplinarité pour donner du sens et aider à mieux comprendre le monde.

De même, quand ce qu’ils font va être utile, ça les motive. Les projets sont motivants. Il faut utiliser plus souvent la pédagogie du projet. Ils aiment aussi être utiles à d’autres personnes : plutôt que leur faire faire des exercices, leur faire construire un QCM pour d’autres. Aider, tutorer…

Ils ont besoin de faire des expériences sans être jugés. A l’école et au collège, ils se sentent jugés, jaugés, notés en permanence.

 

3. Quel est le rôle des parents pour motiver leurs enfants ?

Surtout ne pas remplacer les professeurs et refaire les cours à la maison.

Aider les enfants à développer leur langage : exiger que les enfants s’expriment avec des mots précis et des phrases construites. Ils ont tendance à s’embrouiller dans leurs explications ou à en dire le moins possible. Le problème des mères, c’est qu’elles devinent trop facilement et n’encouragent pas l’enfant à faire l’effort de bien parler, surtout quand il est tout petit. Refuser de comprendre un enfant qui ne s’exprime pas bien, lui dire qu’on ne comprend pas et qu’il doit mieux s’expliquer. Les aider à expliciter leur pensée les aidera à développer leur pensée.

Les aider à ne pas voir les choses de façon trop binaire : les amener à imaginer plusieurs points de vue, à chercher et entendre plusieurs avis avant de se faire leur propre opinion. Par exemple, pour les adultes, il existe le journal « Le 1 » qui aborde un seul sujet par semaine, sous différents angles, avec des approches différentes et présentées sous des formes diverses : texte, débats, photos, BD…

On peut aussi demander aux enfants de présenter un sujet sous différentes formes : texte, photos, BD, graphique, représentation en arborescence…

Les amener à différencier dans un discours : les faits, les opinions, les avis, les hypothèses…

Les ouvrir à la différence, car la différence fait peur, mais est riche d’enseignements.

Leur donner une image positive du monde du travail. Ne pas toujours se plaindre de devoir aller travailler. Parler aussi de ce qu’on aime dans notre métier.

On donne trop de travail aux élèves, ils n’ont pas le temps de s’ennuyer, de rêver. Leur apprendre à s’émouvoir de ce qu’ils voient, à observer, admirer, se questionner, s’étonner, méditer…

L’éducation consiste, ou devrait consister, à construire une personne en lui faisant faire des choses qui lui plaisent, dans un climat rasséréné. Il ne faut pas s’attacher trop aux résultats immédiats. Leur laisser le temps de grandir.

Les aider à prendre conscience de leurs talents. On insiste trop sur les erreurs et sur ce qui ne va pas.

Problème à l’école : le mode d’enseignement n’est pas adapté aux garçons (beaucoup d’enseignants sont des femmes). On demande beaucoup aux élèves de raconter, d’imaginer dans leur tête, alors que les garçons ont besoin de faire, d’être actif pour penser.

Les femmes ne parlent pas le même langage que les garçons qui, eux, fonctionnent davantage au défi, à la compétition.

   

Conférence d'Olivier REVOL, le 11 juin 2014

 

Enregistrements audios d'une conférence sur le haut potentiel, le TDAH et les enfants précoces : Cliquer ICI.

    

Extrait de conférence avec Olivier REVOL, le 13 octobre 2012

   

Vidéo d'une intervention d'Olivier REVOL pour clôturer les conférences des Journées des Dys : Cliquer ICI.

    

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